Si Liga Quintana est un combo grenoblois, la passion pour l’Espagne et sa scène rock vivace des années 90 a poussé Piero Quintana, leader-fondateur du groupe, à opter pour la langue de Miguel de Cervantes dans son electro-grunge sous haute perfusion de metal. Fiasco Total, deuxième album du groupe, est un déluge de beats eux-mêmes noyés dans les riffs pachydermiques des maîtresses des lieux, les guitares tendance stoner bourru, mélange des genres ô combien apprécié dans les pays hispanophones. Ce metal monstrueusement efficace, musique de scène par excellence, est élaboré avec une énergie comme on en a croisé, encore récemment, que chez No One Is Innocent. Le jeu, naturellement porté vers l’efficacité plus que la démonstration, procure un alignement presque irréprochable d’electro-metal résolument contemporain à même de ravir les amateurs du genre. On écrit presque parce qu’au milieu du disque s’est glissée une erreur de parcours, une reprise de “Come As You Are” de Nirvana (en espagnol donc) qui n’avait vraiment pas demandé un tel traitement. Mis à part ce virage (manqué), on apprécie une écriture soucieuse de la mélodie, tout particulièrement celle des parties chantées. Et avec la voix goudronneuse du boss, il aurait même été dommage de s’en priver : puissante, théâtrale et sévèrement burnée, comme on dit dans les milieux autorisés. Certains arrangements ambitieux, en témoigne un des morceaux les plus percutants du disque, le ténébreux “Resistir#”, attestent d’une connaissance fertile de la chose musicale : ce croisement osé entre congas, harmonicas et grosses guitares rappelle l’esprit des regrettés Sepultura. Autre particularité, si Liga Quintana a encore un peu de mal à alléger les refrains, le quatuor fait preuve d’une grande ingéniosité quand il s’agit de se lancer dans des couplets à l’architecture instrumentale complexe sans jamais perdre sa route : la longue incursion free-jazz de “El Vacio” est à ce titre un petit bijou de cross-over. Sans révolutionner un genre usé jusqu’à la corde, ce jeune groupe tire son épingle du jeu en en gommant les clichés, tentant modestement de suivre Josh Homme, dieu vivant auquel un hommage est rendu sur un remix bien barré – “Ansia Vulgaris”.

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