A en croire leur nom et une couverture mystérieuse, on serait tentés de penser que les quatre Belges qui composent Guernica ne sont pas exactement de gais lurons. En revanche, à visiter leur page MySpace, il en est autrement, notamment quand on lit les patronymes dont ils s’affublent : The « Cuntface » MICHAEL — general gayness –, Stino « Dickface » Lapino — throbbing bass –, Nilo « Assface » Ramos — automat@n drmz — et Wixel « Ballface » Marshall — smelly breath — constituent le générique de ce projet prometteur sur le papier, surtout lorsque leur dossier invoque Sonic Youth ou P:ano. Voilà bien des directions contradictoires qui témoignent au moins d’une chose : ces quatre-là ont le sens de l’image, ou de la pose, c’est selon. Reste ce maxi EP pour se faire une idée, et là l’affaire se corse sérieusement. Entre guitares arachnéides, chant apoplexique et batterie délurée, les jouvenceaux jouent avec les codes du rock indé le plus pointu et référencé en même temps, ce qui ne manque pas d’ambition. Le problème, c’est qu’ils ont littéralement séché les cours de théorie pour aller immédiatement en salle de TP, tous fous d’avoir piqué les clés à l’appariteur, et saccageant tout le matériel au passage, oubliant juste un détail primordial : le protocole. Ces bons copains se contentent de jouer avec les acides et les bases, mélangeant à peu près toutes les fioles, se fichant du résultat du moment que ça fume. On se perd donc dans ces entrelacs guitaristiques, ces verbiages rythmiques sans queue ni tête et ces élucubrations pour le moins poussives. Pour se frotter à une telle musique, être les stars de l’amphi et pousser l’amusement pour séduire les minettes est loin d’être suffisant. Un minimum de rigueur et de sérieux s’impose. Au final, Who Are Your Songs For ? (seule vraie question de ce disque) sonne généralement dans le vide, faisant occasionnellement montre d’un talent juste embryonnaire dans la composition échevelée — le dernier morceau, au titre interminable, est même assez intéressant avec ses guitares enfin apprivoisées et cette batterie martiale. Ils seraient donc bien avisés de se prendre un peu plus au sérieux et de s’entourer un minimum, car on sent quand même, dans ce devoir ni fait ni à faire, un potentiel qui ne demande qu’à être pris en main.
– Leur MySpace