Yeaaaah !! Watcha !! Yaheeeeeeee ! What’s a mother f***r ! ‘Tain, m’suis tordu la cheville avec tes conneries !! Et lâche ce RedBull maintenant…


L’avantage de contribuer à un webzine, c’est le détachement de toute contrainte commerciale, et de fait, la possibilité d’écouter froidement et objectivement un disque. Mieux encore, subjectivement. Et de décrire l’effet que le disque en question nous procure réellement. Inutile de préciser que cette position déjà confortable n’en est que plus renforcée quand le chroniqueur se penche sur un disque que tous les grands penseurs de la chose rock vous ont obligeamment fourré entre les oreilles sous peine de passer pour un indécrottable plouc. Et ce Partie Traumatic, premier album des californiens Black Kids en est un bon exemple. Sans revenir sur l’incroyable plan média autour de ce groupe, force est de constater qu’il vaut mieux être locataire chez Mercury que chez n’importe quel label qui considère la musique comme un art et non comme une mode pour faire parler de soi, à tort et à travers comme ici. On vous épargnera le dossier de presse, digne d’un argumentaire pour le Salon de l’Auto avec cet alignement de diffusions radios et de classement NME (on ne rit pas, au fond de la salle !) plus qu’une vraie mise en perspective de la musique proposée. Partie Traumatic de Black Kids donc. Soit.

D’abord, le contexte. Ce très jeune quatuor, emmené par Ali Youngblood et sa soeur Reggie, verse, ô surprise, dans la pop 80’s revisitée avec les machines du XXIème siècle. Qui a dit que ça devenait un peu lourd ? Mauvais coucheur ! Ensuite, on a offert à ces gamins un producteur ad hoc, Bernard Butler en l’occurrence, qui, outre le fait qu’il a été une des deux têtes pensantes de Suede (qui ?) a aussi brillé par une courte série d’albums solos pour le moins… pathétiques. Hors sujet ? D’accord, mais quand même, ça peut donner une indication, non ? Objection retenue ? Sympa, merci.
Le produit maintenant. Dix chansons (pas une de plus) cheezy à en crever, rodées pour les festivals estivaux et les soirées underage, bien rythmées, avec de jolies petites voix de midinettes qui viennent en appui au chant (plutôt bon, convenons-en) d’Ali sur fond de guitares vivaces et de claviers bien cheap. Mais franchement pas de quoi troquer sa Bavaria 8.6 pour la palette d’Orangina Rouge proposée ici. On ne parle pas des paroles, totalement débilisantes où il est question de problèmes de soirées d’ados que même les ados ne doivent plus se poser passé 13 ans. Bien sûr, cueillis à froid, on peut se laisser prendre au jeu de ces refrains accroche-coeur pour peu que l’on considère La Nouvelle Star comme le sommet de la culture musicale et qu’André Manoukian soit plus défricheur à vos yeux que le fut Lester Bangs en son temps.

Soyons bon joueur, car ce disque n’est pas totalement dénué d’intérêt. Il est globalement au-dessus de l’interminable mêlée de groupes qui se la jouent cool en convoquant (sortez les crucifix et les gosses d’ail !) les Duran Duran et autres Wham! au bal de fin d’année. Aussi, çà et là certaines parties rythmiques doivent valoir leur pesant de cacahouètes sur scène (encore que, il semblerait que les promesses faites sur ce point n’aient pas encore été au rendez-vous), quelques titres se démarquant quand même un minimum — les conclusives “I Wanna Be Your Limousine” et “Look At Me”, de ces petites bombes comme on en a fait des tonnes en 1984 mais qui marchent toujours, et qui évoquent (en moins bien quand même, c’est dire) Let’s Dance de David Bowie. Enfin, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, ce disque est relativement court. Donc, gageons qu’après avoir fait shee-ba, paw, splash, wizz, ce groupe, comme les copains, fasse surtout psschittt.

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