Quand un trio de lads s’ébat dans l’electro-rock vitaminé, faisant une chasse intense au détail, les pieds en tremblent encore.


L’electro-rock est une lame de fond qui n’en finit jamais de finir. Depuis “House of Jealous Lovers”, de The Rapture, qui porta ce nouveau genre musical sur les fonds baptismaux, les groupes se multiplient, retrouvent dans ce syncrétisme survitaminé ce qui leur sied. Estimant simplement qu’une cohabitation de plus était envisageable et même indispensable, ils parviennent ainsi à concilier un côté sexy electro pour dance-floor très actuel, teinté de funk et new wave années 80 (The Cure ou Prince), tout en ne reniant pas leurs penchants punk-rock et leur nature (qui a dit posture ?) rebelle. Ainsi, c’est le choix qu’ont réalisé des formations telles Bloc Party, Moving Units, Foals, Infadels et désormais Friendly Fires, trio (Ed Macfarlane, Jack Savidge et Edd Gibson) qui a sorti il y a quelques semaines, son premier album. Dix pistes expédiées, 37 minutes et une recette qui ne varie — presque — pas d’un iota.

Car la formule est trop souvent la même, mais Friendly Fires est parvenu à y additionner une culture du détail, rendant ce trio si attachant. Si les fondations de leur musique sont classiques, les lads de Saint-Albans (Hertfordshire), biberonnés au post-punk (leur nom est tiré d’une chanson de Section 25, groupe phare du mouvement des 80’s), s’attachent toujours à rendre des copies très distinctes, par leurs collages, constructions ou relances. Ces derniers, ennemis de la monotonie, donnent aux Friendly Fires la possibilité de s’extirper de la case « encore un groupe qui fait de l’electro-rock lambda », bien trop habitée ces dernières années. Et la base dont nous parlions plus avant est un groove essentiel, porté comme il se doit par une basse sautillante. Après, chez le trio, c’est de la house à gauche, du funk à droite, rythmé electro, nappé de rock, sans oublier les vétilles… En guise de cerise, le groupe se permet quelques synthés légers comme l’air et une pointe de shoegazing.

Dix hits plus loin, où l’on apprécie la voix à tiroirs de Macfarlane, les petites guitares funky de “In The Hospital”, le reverb rythmique de “Paris”, l’épileptique “On Board”, on a bien du mal à croire, en entendant cet album gorgé de sons jusqu’au sommet, qu’il a été autoproduit, enregistré sur un ordinateur portable dans le garage de Macfarlane, un instrument après l’autre. A vrai dire, seule l’excellente ouverture “Jump In The Pool” – avec un finale carnavalesque — a échappé à la règle et a été dirigé par Paul Epworth (Bloc Party, The Rakes, Maximo Park). C’est certainement ce bricolage qui explique aussi la réussite de Friendly Fires, sa façon de faire comme si cela n’avait jamais été fait avant, naïvement, son insouciance et sa passion. Au final, tout en poursuivant cette chasse au détail, Friendly Fires peut s’enorgueillir de n’avoir jamais quitté des yeux l’essentiel.

– Le myspace de Friendly Fires