Les empêcheurs de tourner en rond et les ennemis (par principe ou par mode, ce qui revient au même) des groupes en The s’en donnent à coeur joie avec les plus célèbres d’entre tous, les THE STROKES. En effet, Little Joy n’est autre que le deuxième groupe parallèle (sur trois recensés jusqu’ici) d’un des membres du combo new-yorkais chéri des podiums de haute couture, celui du batteur Fabrizio Moretti — aidé de Binki Shapiro et Rodrigo Amarante. Et comme de bien entendu, après les éloges outrageusement exagérés des deux albums sympathoches d’Albert Hammond Jr, Little Joy s’est évidemment vu porté aux nues, preuve irréfutable que ce salopard de Julian Casablancas n’est rien sans ses complices et que lesdits Strokes ne sont que de sales baudruches qui ne tiennent que par l’adjonction des talents de ses membres. Peut-être, c’est même l’essence d’un groupe. Car à en juger par la profondeur du propos de Little Joy, on peut en dire largement autant du chevelu batteur. Non pas que ce disque soit nul, loin de là. Jolie récréation estivale au ukulélé nonchalant et aux guitares baladeuses comme des ôte-tes-sales-mains-de-là, on est agréablement porté par ses mélodies pop, caressantes comme un rayon de soleil sur une plage brésilienne. On surfe sur des vagues de piña colada, on plonge dans les profondeurs d’un blue lagoon et on se délecte d’un white russian descendu le bide à l’air et les pieds en éventail. Mais une fois l’alcool transpiré, il ne reste pas grand-chose de cette musique. On est loin, très loin de l’inventivité des cinq new-yorkais. Tout cela est bien mignon mais reste en surface. Donc porter ce disque au pinacle relève de la mauvaise foi la plus crasse tant Little Joy n’a rien d’un groupe essentiel, et ce premier disque est à mille lieux du chef-d’oeuvre annoncé comme la couronne funéraire sur le prétendu cercueil des Strokes. Au mieux un disque effectivement récréatif (et pas pensé autrement), au pire un passe-temps de qualité. Ce n’est déjà pas si mal.

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