Après une inspiration tombée en cale sèche avec le plutôt platonique Our Love To Admire (2007), cette première cure en solo — forcément très attendue — du chanteur/guitariste Paul Banks réconforte quant à l’état de santé de la principale force motrice d’Interpol. Désinhibé sur le très soigné … Skycraper, le New Yorkais à la voix ténébreuse, qui a pour le coup repris son pseudonyme des débuts, affirme son autorité de songwriter (soit logiquement pour tout musicien le motif premier d’un projet solo) et parvient de surcroit à dévoiler une facette artistique plus « personnelle » (motif second d’un exercice solo… jusqu’ici le cahier des charges est tenu). Pourtant, ce n’est pas tant dans la structure de compositions moins aguicheuses (certaines amputées de refrains) que Paul Banks parvient à insuffler du sang neuf mais en s’éloignant des codes devenus prévisibles de son post-punk. En atténuant la frénésie des guitares électriques pour un lyrisme austère serti d’arrangements princiers (cordes, piano, contrebasse…), s’entrevoie enfin sur cet album un futur plausible à Turn on The Bright Lights (2002) et Antics (2004). Sur la pop résignée de “No Chance Survival” ou les surprenantes trompettes glorieuses d’“Unwind”, la voix désarmée de Banks plie mais ne rompt pas. On pense notamment à feu Sixteen Horsepower lorsque la mélancolie flirte avec une guitare folk (le sublime “Skyscraper”, “On The Esplanade”), des cousins post-punk finalement pas si éloignés. Bien sûr, les offensives carrées et implacables de “Game For Days” ou l’ouverture redoutable de “Only If You Run” ne sauraient cacher la signature d’Interpol (la production de Peter Katis et la présence du batteur Sam Fogarino n’étant pas à négliger là-dedans). De l’art de satisfaire tout le monde, dirons-nous. Alors que s’élabore en ce moment même le quatrième album d’Interpol, Julian Plenti Is… Skyscraper pourrait être cette soupape bienvenue qui pourrait remettre les New Yorkais sur la bonne voie. Car Paul Banks a retrouvé le goût du danger.

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