« Bâtard », voilà ce que signifie Mongrel, supergroupe formé en 2008 par le MC d’origine irakienne Low Key, le bassiste des Arctic Monkeys Andy Nicholson, le bassiste des Babyshambles Drew Mc Connell, et enfin John Mc Clure et Joe Moskow des Reverend and the Makers. Et l’on peut dire que leur projet colle parfaitement à leur nom, de la pochette (découpage bizzaroïde de visages) à la musique proposée (du hip-hop par des rockers-popeux). Tout ici est melting-pot, mélange, et tellement britannique. Car comme Damon Albarn, également superhomme de supergroupes (Gorillaz, The Good, The Bad And The Queen) l’avait soufflé sur “Three Changes” de GBQ, la Grande-Bretagne « is a stroppy little island of mixed-up people» (une petite île têtue d’un peuple contrasté). Mongrel est une concrétisation du constat d’Albarn, émanation d’un peuple mixé et remixé. Syncrétisme musical et ethnique pressé sur CD. Il se veut également un groupe contestataire, né en réaction à tout ce qui arrive depuis le 11 septembre 2001, puis la guerre en Irak. Et là, c’est la catastrophe puisque Low Key ne fait qu’ouvrir les vannes de soupe tiède, de la guimauve en veux-tu en voilà. Le combo se contente de rappeler à l’auditeur ce qu’il sait déjà : bons sentiments, discours de Miss France (« la guerre c’est nul »), il tape sur Bush (trop tard), nous avertit qu’au Darfour ça va mal, que nous sommes tous des numéros (la sécu, gare à toi !) ou encore que les politiciens sont véreux… Des portes tellement ouvertes qu’elles ont été défoncées et piétinées. Donc rien de bien neuf sur un flow qui n’est quand même pas du Mos Def. Les samples sont toutefois bien foutus, mais rien de révolutionnaire à l’horizon. Mongrel alterne entre de la soul, du rap, des riffs, le tout sans ligne directrice qui serait pourtant salutaire. Apprécions quand même le très Blackalicious “Menace” et les efforts de Mc Clure sur un “Julian” bien construit. Hormis cela, circulez, il n’y a rien à voir.

– La page Myspace de Mongrel