C’est boisé, bricolo, mal enregistré, atrocement mal chanté, c’est folk et ça vient de Seattle. C’est donc forcément irrésistible. The Dutchess & The Duke donne ici l’occasion, avec ce deuxième album, de se rattraper pour ceux qui auraient raté le premier épisode de Jesse Lortz et Kimberly Morisson, le-duo-qui-aimerait-faire-Fleet Foxes-mais-à-deux-voix, et paru en 2008 — She’s The Dutchess, He’s The Duke. L’Hydre à deux têtes propose, qui l’eût cru, des chansons aux harmonies vocales aériennes, intemporelles et 100% lo-fi, avec ces guitares désaccordées et ce piano malingre. Forcément, la critique bien pensante s’emballe et suit à la trace ce joli petit couple qui soigne ses mélodies autant que les traces de doigts sur les lunettes de Monsieur. Toutefois, il arrive un moment où l’on a aussi le droit de réclamer un tout petit peu de professionnalisme. De bonnes maquettes ayant rarement fait des albums qui traversent l’épreuve du temps, on ne peut que s’énerver devant autant de maniérisme dans cette livraison bucolique. Passons le son artificiellement édulcoré, même si plus personne ne peut croire un seul instant à l’excuse du manque de moyen pour livrer un tel objet ; on ne pardonne quand même pas l’insupportable chant de la demoiselle qui transforme sa voix caverneuse en scie sauteuse peinant à suivre son complice. Le massacre est d’autant plus regrettable que les compositions tiennent la route et que l’écriture promet de beaux lendemains. De quoi douter sérieusement de la sincérité de la démarche.

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