Il nous revient en mémoire les mots du regretté Grant Mc Lennan en 2004, touché d’apprendre que Nada Surf reprenait sur scène un morceau des Go-Betweens, son simple bonheur que sa musique soit reconnue par quelques héritiers. Six ans plus tard, le dit morceau “Love Goes On” figure sur le premier album de reprises du trio américain emmené par Matthew Caws. If I Had a Hi-fi s’inscrit dans la démarche d’un Pin Up de David Bowie, un hommage au sens noble du terme, destiné à sortir de l’obscurité quelques « Beautiful Losers ». Il ne s’agit donc pas de rendre trop méconnaissables les versions originales — puisque méconnues du grand public –, mais d’honorer de grandes chansons en transmettant leurs vibrations. Et puis tout de même d’y injecter un peu de savoir-faire. Ceux qui connaissent Nada Surf savent combien le groupe est fin mélomane, jamais avare de références musicales dans ses paroles. Aussi, les experts éclairés autant que les profanes trouveront leur compte dans cette sélection. À l’exception du tube “Enjoy the Silence” de la bande à Dave Gahan (revisité sans originalité), le choix porté aux morceaux s’avère classieux. On ne peut que saluer le trio d’avoir rendu justice dans des versions électriques épurées mais enflammées, à l’hymne pop “Electrocution” — très Byrds — du songwriter américain Bill Fox des franchement inconnus The Mice, en passant par le prince de la power pop Dwight Twilley issu de la dynastie seventies de Big Star, ou encore l’éclectique musicien underground new-yorkais Arthur Russell. Il y a aussi une place pour les figures indie rock US, tel Spoon (avec un superbe “The Agony of Laffitte” tiré de leur second album) et la relève, les très frais The Soft Pack avec leur garage pop imparable. Parfait trilingue, Matthew Caws ne peut s’empêcher de chanter en espagnol le décapant “Evolution” des Noir Désir latinos Mercromina, et dans la langue de Molière, le “Bye Bye Beauté” de Coralie Clément. Enfin, la reine Kate Bush, est couronnée ici dans une merveilleuse version de “Love and Anger” qui mérite à elle seule l’achat de ce disque. Qui devrait être reconnu d’utilité publique.

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