Pour les formations sur la brèche telle que Black Mountain, toute la problématique consiste justement à ne pas franchir la ligne rouge. Lorsqu’on flirte aussi dangereusement avec le rock progressif, le hard rock et l’acid folk comme le collectif de Vancouver, il s’agit d’éviter de laisser trop d’espace aux deux premiers styles susmentionnés, tout en refusant de s’ancrer grossièrement dans un genre. En définitive, laisser planer le mystère de l’entre-deux. Une tâche délicate et transcendée sur leur précédent opus, le fascinant In The Futur (2008), sommet occulte, malade et malsain. Très attendu, Wilderness Heart était annoncé par le leader Stephen McBean, comme leur album « le plus métal et le plus orienté folk à ce jour ». Après écoute, il semblerait que le quota folk ait été révisé à la baisse, tant McBean a du mal, tout du long de ses 42 minutes, à se séparer de sa Les Paul chauffée au fer rouge. Aussi avons-nous droit au grand Barnum du hard rock seventies : gros riffs en rubéfaction et des tartines d’orgue immondes, pardon, Hammond. Ne manquent plus que les rouflaquettes et les pantalons patte d’eph’. L’impression du cheveu dans la soupe se fait sentir dès “The Hair Song”, folk rock dans la lignée gnan gnan de House of The Holy de Led Zeppelin. Dans la catégorie poids lourd, “Rollercoaster” potasse quant à lui l’architecture angulaire des riffs de Black Sabbath mais manque de vertige ou de recul. Comble de cet hommage raté aux pionniers de Birmingham, McBean se prend pour le parano Ozzy Osbourne sur le speedé “Let Spirits Ride”… Limite drôle mais le bâillement guette. On sauvera tout de même deux folksongs déviantes, la ballade ultime “Sadie”, et “Buried By The Blues” où la vocaliste Amber Webber peut enfin briller de mille feux. Hélas, cela est trop court pour nous tenir en haleine jusqu’au bout. Le vent a tourné, la montagne noire devant nous se dresse désormais fière et bornée (burnée ?), alors que nous la préférions brumeuse et ensorcelée… Il ne reste plus qu’à espérer que le groupe a conservé toute sa magie sur scène. En guise de drogue de substitution, on ne saurait que trop recommander le bien nommé Fever de Sleepy Sun sur ATP Recordings.

En concert le 4 octobre à Paris, La Maroquinerie.

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