Finalement, les mauvaises langues vont dire qu’ils portent bien leur nom : Cold War Kids, c’est comme la guerre froide, ça n’éclate jamais…


Cold War Kids a du talent, c’est indéniable. Le problème, c’est qu’il ne va pas nécessairement dans la bonne direction. Plus le temps passe, plus le groupe a tendance à ressembler à de grands groupes type U2 (tout le monde en choeur : Oh oh), période grands stades s’entend, ce qui n’est pas forcément un compliment. Un peu à la manière de Starsailor , avec qui ils partagent un chanteur à la voix très spécifique (trop par moments peut-être). En même temps, on s’en veut de leur dire du mal, car le quatuor de Fullerton regorge de qualités. Les titres sont travaillés, chaque écoute apporte de nouvelles trouvailles sonores, de nouveaux trésors cachés, mais on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine lassitude. Le bâillement qu’on ne peut cacher au Musée, même devant la toile du grand maître. En gros, on admire la technique, mais cela ne suffit pas toujours à séduire l’oreille.

Les ingrédients sont là, et pourtant, chaque album qui passe, mis à part Loyalty to Loyalty, enfonce encore le clou (de l’ennui). Récapitulons : leur premier EP, excellent, nous donne l’illusion d’avoir trouvé celui qui sortira le chef-d’œuvre de l’année, voire de la décennie. En plus, leur nom parle à toute une génération. On ne le dira jamais assez, un nom de groupe, une pochette, ça peut déjà aguicher des curieux. Avec le premier album, parmi ceux qui ont connu l’EP, deux clans déjà se forment : ceux qui sont un peu déçus (mais la barre n’était-elle pas trop haut ?), et ceux qui crient au génie. Vous aurez sans doute compris où se place votre serviteur (contrairement à l’avis relayé ici à l’époque). Le deuxième album, Loyalty to Loyalty (2008), passe presque inaperçu. Pourtant, il est loin d’être inintéressant. Comparaison n’est pas raison, leur musique donnait exactement la même – bonne – impression que Clap your hands say yeah! en leur temps, à savoir un deuxième album plus prise de risques que le premier. Plus mature, Loyalty to Loyalty comportait des mélodies noyées dans une crasse jouissive. Le tout semblait très inspiré du blues, de la littérature, de fumées orientales et de vapeurs d’alcool ; ça s’énervait, ça vibrait, on en redemandait, et on finissait par le classer délicatement dans la pile Blues Rock. Un certain sentiment « peut mieux faire » persistait pourtant, à tel point que l’impression laissée par le premier album, ou par leurs prestations scéniques, finissait tout de même par prendre le dessus. On se rappelle, notamment, que le groupe avait du mal à éviter le brouhaha d’un public pas très attentif.
Enfin, le fameux troisième opus (celui-ci donc), confirme-t-il la première ou la deuxième impression ? Voilà où on en est : plus de questions que de réponses, et on s’en voudrait de ne pas parler de l’album lui-même, qui le mérite. Alors on en parle. Mais pas forcément en bien. Ou alors, si ?

À la production, on note la présence de Jacquire King (Kings of Leon, Tom Waits, Modest Mouse…), mais qu’on n’entend pas vraiment, ou alors du côté des Kings of Leon. On va dire que le disque est – très – bien produit. Le son est vraiment nickel, rien à dire là-dessus. Surproduit ? Poser la question c’est y répondre parfois. Tout est presque trop parfait. Où sont passés la passion, le rock, la sueur, la rage ? L’impression domine d’être dans un concept plan plan, mou du genou, qui ne fait pas plus qu’il ne doit : des fonctionnaires du rock. En tout cas bien loin des premiers soubresauts que le groupe produisait. U2 (oui, encore eux) se rappelle à notre bon souvenir sur « Skip the Charades » ou « Broken Open » : où se laisse entendre les airs de guitare de The Edge. « Cold Toes », en revanche, fait partie des titres très travaillés, clin d’œil à Clinic à la clé, qui nous retiennent. Mais ils sont trop rares, ces moments.

Pour conclure : ce n’est pas un CD que l’on revendra, non, il sera bel et bien rangé à côté des autres, mais ses chances d’être réécouté restent hélas très minces.

– Site officiel

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