Un premier album de dream-pop aux couleurs de l’automne.


L’année 2011 aura surtout été, jusqu’ici, celle des confirmations plus ou moins attendues (de Fleet Foxes à Kurt Vile en passant par Battles). On reste en revanche un peu sur notre faim en ce qui concerne les vraies révélations, les nouveaux venus qui, au delà de quelques fulgurances souvent circonscrites à un ou deux singles engageants, parviennent à nous convaincre sur la longueur d’un premier long format. Lanterns On The Lake, passionnante formation mixte originaire de Newcastle, réussit là où tant d’autres n’auront pas véritablement franchi le stade des belles promesses. On a d’ailleurs peine à croire, devant la maîtrise et la conviction qui habitent les onze titres dévoilés ici, que le groupe britannique n’en est qu’à son coup d’essai.

Lanterns On The Lake, c’est avant tout une voix. De celles qui, maléfiques, vous hantent irrémédiablement dès la première rencontre. La beauté diaphane du chant de la jeune Hazel Wilde évoquera bien sûr, pour la plupart d’entre nous, celui de la magnétique Hope Sandoval. D’autres se souviendront surtout que Simon Raymonde, qui a signé le groupe et publie ce premier album sur son excellent label Bella Union, avait il y a quelques années succombé au murmure tout aussi sensuel de la troublante Sara Lov, meneuse de troupe des trop vite oubliés Devics. Mais, alors que les envoûtantes divas précitées se sont toujours adroitement cantonnées à un registre clairement défini, Hazel Wilde évolue, quant à elle, au sein d’un univers musical à la palette beaucoup plus étendue.
S’appuyant sur une base folk plutôt classique, les solides compositions du groupe prennent toute leur ampleur au contact d’une production résolument moderne, nourrie de touches électroniques bienvenues. Impeccable démonstration de ce savoir-faire, « Lungs Quicken » est une parfaite introduction à un disque en clair-obscur qui devrait ravir les amateurs de Múm ou Beach House.

Lorsque le guitariste Adam Sykes rejoint la demoiselle au micro, c’est pour nous offrir quelques très belles envolées à deux voix, portées par un souffle quasi épique (« If I’ve been unkind », « A Kingdom »). Le groupe s’emballe enfin, malmène avec espièglerie son image de premier de la classe, et se rapproche alors de ses glorieux camarades de label de My Latest Novel , avec lesquels il partage, en outre, un goût prononcé pour les compositions finement ouvragées. Guitares, mandoline, violoncelle ou glockenspiel, le groupe ne se refuse aucune fantaisie à l’heure de créer des chansons vibrantes, dont la douce mélancolie colle parfaitement à l’automne qui arrive. « Gracious Tide », « Take Me Home » se pose ainsi en bande-son désignée des fins d’après-midi à lumière déclinante, des premières feuilles mortes et de l’inévitable chute du mercure. La dream-pop aux couleurs pastel de Lanterns On The Lake, qui aurait en d’autres temps logiquement trouvé refuge au sein du catalogue 4AD -aux côtés de This Mortal Coil ou des Cocteau Twins-, ne pouvait décidément pas mieux tomber.

Lanterns on the Lake – You’re Almost There from Bella Union on Vimeo.

Lanterns On The Lake – You’re Almost There by Bella Union