Figures tutélaires de la scène kiwi-pop, The Bats reprennent le fil d’une longue et belle amitié, débutée du côté de Christchurch en 1982.


La première des innombrables bonnes nouvelles qui accompagnent l’arrivée de ce huitième album des Bats, c’est le retour du groupe sur son label historique Flying Nun, onze ans après la compilation Thousands Of Luminous Spheres. Des retrouvailles naturelles qui coïncident avec la célébration du trentième anniversaire de la vénérable institution néo-zélandaise. Et pour rendre les festivités encore plus mémorables, les chauve-souris nous ont réservé quelques unes de leur plus belles chansons depuis des lustres. On n’en attendait pas moins de la part d’un groupe qui n’aura cessé depuis ses tout premiers enregistrements (rassemblés sur l’indispensable Compilitely Bats) de flirter avec une certaine idée de la perfection pop.

Dès les premières mesures de l’introductif « Long Halls », on a le sentiment rassurant de retrouver un ami de longue date, avec lequel chaque rencontre est source de plaisir renouvelé. Il nous faudra ainsi très peu de temps pour retrouver cette complicité et cette proximité propres aux relations les plus durables. On pressent alors d’emblée que ce disque, à l’image de chacun des précieux jalons de la discographie des Bats, nous accompagnera pour longtemps. Le dialogue amoureux des guitares et les sublimes harmonies vocales de Robert Scott et Kaye Woodward, la basse toute en rondeurs de Paul Kean, le toucher délicat du batteur Malcolm Grant : toujours dans son line-up originel, le groupe maîtrise aujourd’hui peut-être mieux que jamais son art délicat, parfait dosage de rock urbain et de folk pastoral.

Exemple très parlant de cette formule certes éprouvée mais qui parvient ici encore à engendrer de véritables prodiges, le morceau titre et son refrain terrassant de beauté constituent l’une des choses les plus touchantes qu’il nous ait été donné d’entendre au cours de l’année 2011. Combien de groupes se damneraient pour approcher, ne serait-ce qu’une seule fois dans leurs parcours, un tel niveau d’excellence ? Il existe au fond très peu de formations capables d’une telle constance, y compris parmi celles que l’on se plaît à défendre régulièrement ici et là. Au fil des écoutes se détachent, comme à chaque nouvel album, les quelques titres qui viendront à terme s’ajouter à la liste des classiques intemporels du groupe : « Free All The Monsters » donc, mais aussi la plus rock « In The Subway », réminiscence de l’éternel « North By North » ou encore les miniatures folk-pop « Simpletons » et « It’s Not The Same », proches des cousins australiens de The Go-Betweens.

Afin de rendre pleinement compte de ce nouveau bonheur discographique qui illumine cette fin d’année, on ne pourra passer sous silence le travail d’orfèvre du producteur Dale Cotton (Dimmer, The Clean…). Celui que l’on retrouvait déjà l’année dernière aux manettes de la dernière échappée solitaire de Robert Scott (Ends run together, très bel album hélas passé trop inaperçu) enrichit subtilement le son du groupe par l’apport discret de quelques touches de mandoline ou de dulcimer, proposant un nouvel éclairage sur une écriture dont l’immense pouvoir de séduction, un peu comme chez les Feelies, ne s’atténuera probablement jamais. On ne remerciera jamais assez ces groupes, points de repère essentiels de nos obsessions musicales, de savoir ainsi récompenser notre indéfectible fidélité.

The Bats – « Free all the Monsters »