Il aura finalement fallu le temps d’un album à la Brooklynoise Frankie Rose pour se détacher de l’emprise « Girls Band ».


Il aura finalement fallu le temps d’un album à la Brooklynoise Frankie Rose pour se détacher de l’emprise « Girls Band ». Contre toute attente, l’ex batteur des Dum Dum Girls, Vivian Girls et Crystal Stilts (excusez du peu) opère sur son second album une surprenante métamorphose. Exit – ou plutôt Out – son backing band The Outs ainsi que les effluves de reverb surf qui saupoudraient son premier album encore trop référent de ses expériences passées. Assumant seul son patronyme, la mignonne s’est réinventée en néo diva pop des années 80. Pas en scandaleuse Nina Hagen, ni en indolore irlandaise Enya, mais plutôt en la divine Liz Fraser, angelus dream pop des Cocteau Twins – groupe ceci dit en passant n’a jamais été aussi influent qu’aujourd’hui. Bardé de néons fluorescents eighties, Interstellar projette via ses guitares, claviers et basse vintage une réactualisation des thèmes new wave inhérents à cette décade. Pourtant, tous les arpèges de guitares noyées et les nappes de synthés cold wave n’y feront rien : Interstellar est avant tout un formidable album de pop vocal, faussement naïf … L’abondance d’effets sur les chœurs n’écœure pas, chaque harmonie étant finement équilibré – les instantanés et très efficaces « Had we Had It », « Interstellar », « Gospel Grace ». Autre un tube néo-rétro(viseur) en puissance, « Daylight Sky », dopé par une ligne de basse irrésistible, pourrait même parfaitement figurer sur la BO de Drive 2. Enfin « The Fall », dernière plage expérimental, plonge même dans un monde d’Echo que n’aurait pas renié Arthur Russel. Finalement, sous son vernis artificiel, Interstellar s’avère dans son genre d’une sobriété exemplaire, loin de la lourdeur épique d’une Florence & The Machines. Heaven or Las Rosas ? Frankie Rose a sa voie toute tracée vers les étoiles.