Lorsque la « nostalgie » se conjugue avec un goût et une volonté explicite pour l’anachronisme…


S’il est inutile aujourd’hui parler d’un « retour » à l’analogique dans le vaste panorama musical électronique où les musiciens puisent leurs inspirations partout et cela avec tous moyens confondus, il est en revanche toujours frappant de constater que l’usage des anciennes boîtes à rythmes et des synthétiseurs analogiques sont de fait – du moins comme expérience auditive – marqués par le sceau d’un temps révolu. Il arrive même, et c’est le cas de The Skies d’Egyptology par exemple, que cette « nostalgie » se conjugue avec un goût et une volonté explicite pour l’anachronisme, qui diffère par là d’un Oneohtrix Point Never ou encore d’un Emeralds. Or ce qui a de l’importance ici ce n’est pas tant de vérifier la validité d’un tel choix, à savoir la nécessité aujourd’hui pour une orientation musicale « révolue » : ce serait s’encombrer d’une vision progressiste de l’histoire de la musique qui n’a plus lieu d’être. En revanche, il est plus intéressant de voir la manière dont les deux musiciens parisiens d’Egyptology s’y prennent pour reconstituer un tel temps « rêvé ». Rêvé en effet, puisque Stéphane Laporte (Domotic, membre également de Centenaire) et Olivier Lamm (Olamm) n’hésitent pas à exploiter une large gamme d’instruments ((Roland SH101, Roland MC 202, Korg MS10, Korg 700s Mini, Yamaha CS-15, Juno 106, Roland JX3P, Prophet 600, Philicorda…) afin de justifier leur choix pour des sonorités fortement évocatrices : la musique électroniques des années 70, de la techno, du disco, de la bande sonore pour films de science-fiction etc. Quant aux morceaux, leurs titres renvoient à l’imagerie cosmologique et à l’idée du voyage astral, possédant chacun une énergie suggestive. La fascinante mosaïque sonore qui y est déployée et sa structure réfléchie font que The Skies fonctionne moins comme un hommage que comme la mise en énigme même d’une fascination pour le temps de l’histoire ; il est organisé selon un désir de vertige à repenser les origines de l’homme, un rêve qui a nourri et qui continue encore à nourrir la création. Pour reprendre les mots d’Olivier Lamm et de Stéphane Laporte, ce premier album est « le résultat d’une sorte de lutte interne entre la fascination pour les sons du passé, leur mystère, leur étrangeté, leur pouvoir d’évocation, et la conviction que la simple re-création de ces sons-là est d’une totale inutilité

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