Après la seconde jeunesse sonique de Lee Ranaldo en solo, c’est au tour d’une jeune figure du rock new yorkais, Daniel Rossen, tête siamoise de Grizzly Bear et Department of Eagles, de montrer de quel bois il se chauffe en solitaire.


Après la seconde jeunesse sonique de Lee Ranaldo en solo, c’est au tour d’une jeune figure du rock new yorkais, Daniel Rossen, tête siamoise de Grizzly Bear et de Department of Eagles, de montrer de quel bois il se chauffe en solitaire. On sait le songwriter/multi-instrumentiste stakhanoviste dans son approche musicale, et ce mini album de cinq chansons est à la hauteur de ses premiers engagements artistiques. D’ailleurs, il n’est guère surprenant d’apprendre que ces morceaux devaient initialement servir de matière au prochain Grizzly Bear. Daniel Rossen aime mettre en difficulté ses mélodies. On peut dire que ses plein pouvoirs en solo n’ont pas altéré son audace. Il est, de plus, un guitariste hors-norme : aussi respectueux soit-il dans son jeu d’une certaine tradition folk, le son fêlé qu’il parvient à tirer de son instrument est des plus intrigants et moderne. Sur les trois premiers titres, l’influence de la folk primitive de John Fahey se fond subtilement à une pop très arrangée, nimbée d’une production fantomatique, voire grinçante, usant en permanence de judicieux contrepieds entre grandiloquence et chaleur Lo-Fi. La voix particulièrement décalée de Rossen n’a pas peur de se frotter à ses chœurs et orchestres chatoyants. Ce singulier mariage captive de bout en bout. Notamment sur « Silent Song », une pop folk aux arrangements somptueux que George Harrison n’aurait pas renié sur son All Things Must Pass. Ou encore l’incartade sur un piano, l’esseulé « Saint Nothing », belle folk song au bois dormant. Alors que Grizzly Bear vient de rentrer en studio pour enregistrer son attendu quatrième opus, les prétentions solo de Daniel Rossen s’avèrent nettement plus concluantes que CANT, le projet de son alter-ego Chris Taylor avec Twin Shadow.

Daniel Rossen – Silent Song (from ‘Silent Hour/Golden Mile’ EP)