Si un groupe peut légitimement prétendre au statut de « culte », c’est bien celui-là.


Si un groupe qui peut légitimement prétendre au statut de « culte », c’est bien celui-là. Formé à la fin des années 70 à New York autour de la paire de songwriters Peter Holsapple et Chris Stamey, les deux premiers albums des dB’s, Stand For Decibels (1980) et Repercussion (1981) sont – malgré l’échec commercial – d’authentiques joyaux de power pop moderne. Le REM encore balbutiant à l’époque y calquera allègrement ses structures de refrains alambiquées (d’ailleurs Peter Holsapple contribuera à plusieurs albums de la légendaire formation d’Athens). Après le départ de Chris Stamey en 1982, Peter Holsapple restera seul aux commandes et alignera dans la foulée deux excellents albums, sans toutefois égaler la géniale extravagance psychédélique des deux premiers opus. Même si les deux compositeurs/chanteurs se sont par la suite retrouvés à quelques occasions (un album en 1991 pour New Rose, puis un second en 2009), Falling Off the Sky est le premier opus à réunir depuis trois décades le line-up originel des dB’s : soit Holsapple et Stamey, ainsi que le bassiste/guitariste Gene Holder et le batteur Will Rigby (qui s’octroie pour la première fois une chanson, excellente de surcroit). Reformés depuis 2005, les désormais cinquantenaires ont patiemment attendu d’être à la hauteur pour retourner en studio. L’attente valait-elle le coup ? Sans aucun doute. Ce 7e opus des dB’s n’a certes pas la folie douce des débuts, mais le niveau frise tout de même l’excellence. Sans aucune pointe de nostalgie, on apprécie de retrouver cette émulsion particulière entre harmonies vocales divines dans la droite lignée des 3B’s (Byrds, Beatles, Beach Boys), guitares XTCiennes en verve, enrobées d’arrangements aristocratiques. Chris Stamey contribue activement en signant les arrangements à corde et à vent de l’album, ainsi que la moitié des compositions, notamment le foudroyant « Before We Were Born » et l’ambitieux « The Adventures of Albatross », que Carl Newman des New Pornographers doit se maudire de ne pas avoir écrit. Peter Holsapple, quant à lui, auteur du superbe single « World To Cry »des retrouvailles en 2005 (ici présent), a gardé en stock quelques mélodies magiques et délicates comme « I Didn’t Mean to Say That » aux douces aspérités country. L’album est enfin impeccablement produit – un son rétro qui n’en fait pas trop – avec le renfort au mixage de quelques vieilles connaissances comme Scott Litt et Mitch Easter. Pour les esthètes de la pop, Falling Off the Sky est bien un petit miracle tombé du ciel.