Ou comment creuser vers le haut sans le savoir.


« Les nootropiques (de noos, esprit et tropos, courber) ou nootropes sont des drogues, des médicaments, plantes et substances diverses possédant une action de modulation de la physiologie et de la psychologie impliquant une augmentation cognitive et qui ne présentent pas ou relativement peu d’effets nocifs sur la santé à dose standard » (Wiki).

Voilà, le décor est planté. C’est donc bel et bien à une pop psychédélique que l’on aura à faire. Mais pas n’importe laquelle. Ni une dream pop léthargique façon Sigur Ros, ni un tourbillon de psychédélisme autiste façon Animal Collective, ni même une rêverie mélancolique de bord de plage façon Beach House. C’est toutefois du Bloom de ces derniers, qu’il est le plus tentant de rapprocher Nootropics , sorti le même premier semestre 2012.

Pourtant c’est littéralement le jour et la nuit. Quand Beach House (dont le nom annonce également assez bien la couleur) évolue en pleine clarté, exprimant la douce mais vénéneuse mélancolie d’une pluie d’été, et grandit à l’ombre du mouvement « new surf » ou « surf noise » (appelez ça comme vous voudrez, ce ne sont pas les étiquettes qui manquent), Lower Dens esquive la lumière à tout prix. Comparables dans leur structure à celles du duo de Baltimore, leurs chansons en diffèrent néanmoins sur tous les autres points.

Lower Dens commence à gratter le sable pop pour creuser toujours plus profond, comme pour constituer une spirale à chaque titre plus étroite, plus sombre et plus fragile, faisant planer la menace permanente de l’effondrement sur soi. La production de Drew Brown opte pour des basses saturées, des sonorités électroniques anxiogènes et la mise en avant de la voix envoûtante et parfois androgyne de Jana Hunter. Un chant qui n’est pas sans évoquer Jeanette Landray de The Glove sur « Candy », dernier titre pop de l’album que l’on imagine sans mal sur le Blue Sunshine de 1983 du susdit duo Smith/Severin.

S’opèrent alors les dernières étapes d’une descente programmée, réconfortante dans son inéluctabilité et sa finalité qui se profile doucement dans l’obscurité. Les douze dernières minutes de « In the End is the Beginning », dont le titre laisse entendre à lui seul la fin du trip et le retour à la surface, les yeux plissés par la lumière de ce soleil ennemi qui ne laisse rien cacher, la tête encore dans les vapeurs d’un rêve, les tempes palpitantes au rythme cardiaque des basses profondes d’un titre qui aura été pensé comme l’aboutissement d’une expérience psychédélique probablement salvatrice. On ne saura sûrement jamais ce qu’ils ont pris, mais en tout cas ça a l’air de marcher…