James Blackshaw – Love Is the Plan, the Plan Is Death

Après plusieurs infidélités contractuelles, notamment chez Tompkins Square et Young God Records (le label de Michael Gira), le virtuose britannique de la douze-cordes s’en est retourné l’année dernière à son premier distributeur américain, Important Records.


Après plusieurs infidélités contractuelles, notamment chez Tompkins Square et Young God Records (le label de Michael Gira), le virtuose britannique de la douze-cordes s’en est retourné l’année dernière à son premier distributeur américain, Important Records. Love Is the Plan, the Plan Is Death, signe ainsi son grand retour sur le pointu label californien depuis O True Believers en 2006, l’un de ses meilleurs albums. Le revigorant Holly EP, paru à tirage limité l’année dernière, offrait à entendre avec la chanson-titre une des plus belles fresques baroques du guitariste londonien. Ces signes présageaient de très bonnes choses quant à la qualité de ce 9e opus studio. Mais peut-être nous étions emballés un peu trop vite… Enregistré en décembre dernier à Chicago avec l’apport de l’ingénieur Andrew Hernandez (Balmorhea), Love Is the Plan, the Plan Is Death puiserait son inspiration chez l’auteur de science-fiction James Tiptree, Jr., aussi connu sous le nom d’Alice B. Sheldon. Mais l’intérêt est ailleurs, précisément dans le désir d’émancipation de la guitare douze-cordes en acier, de plus en plus prégnante sur ces deux derniers albums. Même le syncrétisme folk/ragga du maître Robbie Basho n’est plus total, James Blackshaw se consacre entièrement sur The Plan… à sa Loriente Clarita, dont les charmes bien connus du jeu « nylon » sont incomparables. On ne peut qu’encourager le jeune trentenaire, à la discographie déjà conséquente, de s’ouvrir à d’autres champs instrumentaux, le piano ici en l’occurrence, même si ces escapades pianistiques sur deux titres ne sont qu’à moitié concluantes. « And I Have Come Upon This Place by Lost Ways », pièce accompagnée au chant par Geneviève Beaulieu (Menace Ruine/Preterite), évoque Kate Bush – ambiance chandelier – mais s’enfonce trop dans la cire pour vraiment tirer son épingle du jeu. C’est lorsqu’il réinvestit le manche que son fingerpicking extraordinaire, procure à nouveau le grand frisson. Notamment la beauté tubulaire des arpèges de « Her Smoke Rose Up Forever » et la séduction latine de « We Who Stole The Dream ». Un disque inégal, qui n’empêche pas quelques moments (nylon) traversés par la grâce.