Dans la famille du folk alangui où trônent Calexico, Lambchop et Tindersticks, on trouve un cousin français un peu éloigné et singulier.


Dans la famille du folk alangui où trônent Calexico, Lambchop et Tindersticks, on trouve un cousin français un peu éloigné et singulier. Thomas Belhom a déjà sévi à Tucson (Arizona) en duo aux côtés de Naïm Amor, et régulièrement chez les oncles spirituels précités. De retour en France il y a une dizaine d’années, il s’est embarqué dans une carrière solo avec une poignée d’albums sans frontière (No border, Remedios, Cheval Oblique). Rocéphine est une nouvelle pierre à ce fragile édifice où cohabitent complaintes folk, respirations jazz et paysages oniriques.
L’album est un insaisissable bouquet d’humeurs sonores plus que de chansons. Flottante, aride et secrète, cette musique semble sculptée dans la poussière du désert américain. Mais c’est la langue française que l’auteur choisi en priorité, sans doute pour mieux incarner ses mots inquiets. Multi-instrumentiste chevronné, Thomas Belhom y déploie une grande palette d’orchestrations – percussions, orgue, accordéon, violoncelle, bugle… – charpentées autour d’une batterie aérienne à la John Convertino et des guitares boisées en provenance d’Arizona. Adepte de la mélancolie et du voyage, le sarthois semble revenir d’une période sombre, certainement de la maladie (« L’avancée en moi », « Temps allongé »). Sa quête personnelle de lumière est jonchée d’étapes douloureuses ou heureuses (« Rue de l’Espérance »), tendues vers l’autre et l’ailleurs. Stuart Staples, l’âme de Tindersticks, vient poser sa belle voix amie sur un tourmenté « A meaning shovelfull of promises ».
Sur la longueur, Rocéphine demande une attention particulière. Riche et aéré, l’album accuse pourtant une monotonie qui rend son écoute peu aisée. L’émotion n’est pas immédiate sur cette musique lente et instable. Il faut le lumineux travail de production de Thomas Belhom et celui, éditorial, du label Ici d’ailleurs pour en capter toutes les réfractions.

Thomas Belhom – « Yumi »


Thomas Belhom – « Champignon Agréable »