The Danish « Love Gang » est de retour, avec des ballades plus fantomatiques que jamais.


Le duo fétichiste rock danois The Raveonettes fête en 2012 ces dix années de carrière. Un anniversaire qui mérite le respect, tant cette formation distinguée et méritante au travail compte à son actif six albums studios et presque autant de Eps inspirés. Une longévité d’autant plus remarquable : combien de duos parviennent à perdurer dans le milieu si éphémère du rock ? Peu de crise interne non plus à recenser chez The Raveonettes, hormis un retour à la case « indé » pour leur troisième opus en 2006, après avoir été remercié « sans sommation » par Columbia. Alors comment expliquer cette belle longévité ? Peut-être parce-que dès le départ, chacun connait parfaitement sa place au sein du binôme : A Sune Rose Wagner celui du grand sorcier touche-à-touche, et songwriter au talent incontesté, à son égérie blonde Sharin Foo d’incarner quant à elle l’âme protectrice et la voix charnelle. Enfin, à l’instar de Mazzy Star et The Kills, ce couple n’en étant pas un dans la vraie vie, l’espérance de vie devient assurément meilleure.

Lorsqu’un groupe a acquis une certaine notoriété, la tâche la plus difficile est ensuite de retarder les aiguilles de l’horloge du temps qui passe inexorablement, en continuant d’offrir artistiquement quelque chose de pertinent. Cas intéressant, l’écriture des Raveonettes se distingue par sa constance. Mieux, elle prend de la patine les années aidant. Les premières influences de The Jesus & Mary Chain et de Spector se sont diluées au fil des albums pour éclore d’une subtile pop bucolique. La vieille bécane affichée sur The Chain Gang of Love est toujours aussi rutilante : le bruit est certes moins strident que lors des premiers jours de rodage, et c’est tant mieux, on préfère aujourd’hui le son harmonieux de cette mécanique bien huilée.

Même si leur griffe sonore reste plus ou moins la même depuis les débuts – à savoir une love song mélancolique, irradiée de larsen -, l’écriture a atteint sur Observator, un palier idéal en terme d’intensité. On ne peut évidemment pas encore affirmer si The Raveonettes, viennent d’enregistrer avec Observator leur meilleur album, mais c’est certainement le plus poignant. Neufs compositions exemptées de tout remplissage, et dont le spleen se déroule avec une élégance qui force l’admiration.

Observator est définitivement une étoile noire, une bande-son nocturne et fantômatique, jusqu’à sa pochette au grain charbonneux… Pour leur sixième opus, la paire danoise a rappelé aux commande le producteur Richard Gottehrer (Dum Dum Girls), qui avait déjà sévit sur Pretty in Black en 2005. Déjà à l’époque, le noir était déjà de rigueur, mais en 2012 la mélancolie n’a jamais été aussi profonde. « I don’t Wanna Be Young And Cold. » chantent d’emblée à l’unisson Sune Rose Wagner et Sharin Foo, et l’on ne peut que s’incliner devant tant de beauté. On se laisse bercer en cours de route par « The Enemy » et son avalanche de spleen bienvenue, on s’éprend du parfait premier single « She Owns the Streets » et ses arpèges ultra réverbérés… Et puis en dernière ligne droite, une poussée terrassante, qui finit de nous achever : « Till the end » superbe course éperdue jusqu’au dernier souffle. Une fin digne de Thelma & Louise, le grand saut ultime. En attendant de les rattraper pour la prochaine histoire.

Raveonettes – « She Owns the Streets » (Official Video)