En semi-hiatus depuis huit ans, au grand dam des fans impatients d’une suite discographique, le Blues Explosion semblait depuis se réserver exclusivement à la scène. Il est vrai son terrain de prédilection.


En semi-hiatus depuis huit ans, au grand dam des fans impatients d’une suite discographique, le Blues Explosion semblait depuis se réserver exclusivement à la scène. Il est vrai son terrain de prédilection. Il a fallu ronger son frein avant que la légendaire triplette de Brooklyn renoue enfin avec la fée électrique en studio, par le biais du combatif Meat And Bones. Un album qui comme son nom l’indique, est une bonne grosse pièce de viande crue débordant de nerfs, à déguster de préférence avec les mains. Pas de fines bouches ici. L’excellente compilation Jukebox Explosion paru en 2007 (collection de singles rares sortis chez In the Red Records) aurait redonné le goût du sang au trio qui s’était replongé pour l’occasion dans ses archives. Effectivement Il n’y a pas défaut sur la marchandise : Meat and Bone est du pur concentré de Blues Explosion (pas de stéroïdes ici), salement garage, produit et mixé par ce vieux loup de Jon Spencer. Intrépide, audacieux, sexuel, du punk rock n’roll gras et noble en somme, dans la droite lignée de Damage (2004), avec un son plus cradingue et poreux dans la lignée d’I Got Worry. Les amplis à lampe surchauffés en guise de barbecue incendiaire, les douze brulots assénés ici grillent tous sur leur passage. Osons le bon mot : la paire soudée constituée de l’ainé Jon Spencer (chant, guitare) et Judah Bauer (guitare, no bass !) est toujours capable d’une vraie « boucherie », notamment sur les furias que sont « Black Mold », « Danger » et « Strange Baby »… Leurs complexes nœuds de riffs rythmiques, avec son fuzzy vintage à souhait , n’ont rien perdu de leur groove (l’ambiance thriller seventies de « Bear Trap », serait-ce du math rock n’roll ?), le tout mis sur orbite par la frappe phénoménale de Russell Simins, marteleur à l’instinct définitivement hip hop (l’excellent « Bottle Baby », l’instrumental « Get Your Pants Off »). Pas d’avancés majeurs crierons certains ? Comme au bon vieux temps, leur rétorquons-nous. A la vérité, une seule pensée nous vient en tête à l’écoute de Meat and Bone, voilà du garage rock comme on aimerait en entendre plus souvent.