Bye Bye Julian Plenti, (re)bonjour Paul Banks. L’éminente voix ténébreuse d’Interpol a sacrifié son pseudonyme en solo pour se présenter sous son propre nom.


Bye Bye Julian Plenti, (re)bonjour Paul Banks. L’éminente voix ténébreuse d’Interpol a sacrifié son pseudonyme en solo pour se présenter sous son propre nom. Gage d’authenticité artistique ? Ainsi soit-il. Trois ans après un premier effort en solitaire plutôt bien négocié, Julian Plenti Is… Skyscraper, le New Yorkais voue, manifestement, toujours autant de fascination pour les gratte-ciels – à condition dorénavant que ces monuments architecturaux lui permettent d’accéder à d’autres horizons artistiques, plus lumineux. Déjà sur …Skyscraper, se dessinait une volonté de bousculer une image de rocker sombre et martiale. Evitons le Ep pas franchement convaincant sorti en juin constitué de reprises éclectiques de Frank Sinatra ou encore du compositeur allemand Harold Faltermeyer (Le Flic de Bervely Hills…). Banks n’est pas la banqueroute que l’on présageait. Le résultat est cette fois payant, grâce notamment à une palette de couleur encore élargie : textures électroniques sophistiquées, intrusions de samples et boites à rythme, pas mal d’arrangement de cordes arabisant (!), délicats arpèges de guitare sèche… Le tout sous la supervision rassurante de Peter Katis, metteur en son décisif des deux premiers albums d’Interpol. On aurait trop tendance à l’oublier. Même si finalement on ne s’éloigne pas trop des balises d’Interpol sur le plan de la composition (« Over My Shoulder »), l’enrobage se permet quelques audaces. Paul Banks est un songwriter suffisamment habile pour se permettre de tirer ses mélodies vers des ambiances inédites, « estivale » même parfois (« Lisbon »). A contrario, ce sont là aussi ses même contraintes de composition qui l’empêchent de s’épanouir, sans jamais totalement nous convaincre. Plusieurs réussites notoires tout de même : l’ambitieux « Arise Awake » avec se cordes éprises de Tanger et son break tortueux, ou encore le crescendo mélancolique « Young Again », où Mr. Banks se libère sur son refrain, «  I feel Young Again ». Enfin « No Mistakes », une semi-ballade où la voix sourde enfin quelques belles fêlures… Un second effort louable, même si… au moment où paraîtra en novembre la version Deluxe de Turn on The Bright Light pour célébrer ses 10 ans, l’ombre imposante de ce génial premier album s’avère toujours si lourde à traîner.

Paul Banks – « The Base »