Au sein de la petite communauté musicale d’Eau-Claire dans le Wisconsin, les Daredevil Christopher Wright donneraient presque l’allure de garçons studieux. Ne pas se fier aux apparences…


Au sein de la petite communauté musicale d’Eau-Claire dans le Wisconsin, laquelle compte l’incontournable parrain Bon Iver et l’excellent duo Peter Wolf Crier, les Daredevil Christopher Wright donneraient presque l’allure de garçons studieux avec leurs lunettes triple foyer et barbes bien peignées. Ne pas se fier aux apparences, car en y regardant de plus près, le diable (« devil ») s’est déjà immiscé dans leur patronyme. Un signe qui se vérifie à l’écoute de ce tortueux second album. Le trio nous avait franchement épatés avec leur premier album In Deference to a Broken Back (2009), festin d’harmonies léchées et de folk/rock nerveuse, capable de drôles de pirouettes mélodiques façon Pavement. Avec The Nature of Things, on ne sait pas trop au départ sur quel pied danser, plongés que nous sommes dans des compositions clairs-obscurs nettement plus imprévisibles que son prédécesseur. Les protégés du label parisien Almost Musique ne cherchent pas pour autant à nous caresser dans le sens du poil avec leur folk de chambre, baroque et torturée. The Daredevil Christopher Wright distille du mystère à ses mélodies nageant entre préciosité et psychose, manœuvre fort réussie au demeurant. L’évidence « power pop » est un peu abandonnée au profit d’explorations intimistes à capella, d’incursions dans la musique minimaliste, voire même afro (l’étonnant « Blood Brother »). La dimension biblique se fait aussi plus prégnante  dans les textes : « Church » pourrait ainsi réveiller le fantôme du Smile des Beach Boys, lorsque « Ames, Ia », s’habille d’une surprenante toge médiéval façon La Bête au bois dormant (on exagère, mais si peu). La pop mignonne de « Andrew The Wanderer », une des rares compositions à rentrer dans le rang, est pourtant là pour rappeler que le trio n’a rien perdu de son ardeur mélodique, mais cherche désormais à ouvrir de nouvelles portes. Une prise de risque louable, qui, avec un peu de recul était, bien dans la nature des choses de la fine triplette d’Eau-Claire.