Si les sÅ“urs jumelles islandaises Jófríður et Ásthildur empruntent leur pseudonyme à un monstre de foire à deux têtes connu du début du XXe siècle, leur univers ne s’inscrit nullement dans l’esthétique dérangeante d’un Freaks ou Elephant Man…


Si les sÅ“urs jumelles islandaises Jófríður et Ásthildur empruntent leur pseudonyme à un monstre de foire à deux têtes connu du début du XXe siècle, leur univers ne s’inscrit nullement dans l’esthétique dérangeante d’un Freaks ou Elephant Man. Il grouille au contraire du côté de chez Pascal Pinon un amour vierge pour les fréquences electro-folk bigarrées et des harmonies vocales enchanteresses. Party Wolves, premier album autoproduit et enregistré en catimini dans leur chambre, portait déjà de belles promesses – les jumelles de Reykjavik n’étant pas encore majeures au moment des faits. Deux ans plus tard, le label Morr Music a eu raison de fonder de grands espoirs en elles, tant ce second album impressionne par la finesse de ses arrangements et par sa maturité d’écriture. Un Eden nordique où cohabite sur de délicats arpèges de guitares sèches des bruits de vagues, parasites en tous genres, aurores boréales shoegazing et colliers de glockenspiel, et le souffle carressant d’instruments à vent… A en juger par les prouesses stéréophoniques accomplies sur Twosomeness, le producteur Alex Somers (collaborateur de Jónsi), a indubitablement donné toute latitude à ces princesses des fjords pour investir le studio Nec plus ultra de Sigur Rós. En effet, on retrouve là tout un condensé du meilleur de l’ »exception culturelle » à l’islandaise : cette science des arrangements doux et immaculés comme des flocons chers aux Radiohead scandinaves Sigur Rós, le minimalisme naïf de Mùm (sur la comptine “Somewhere”) jusqu’au Homogenic de la reine Björk pour le chant alternant entre langue natale et anglais sur des nappes electro-glaciales. Et dire que ce talent ne demande qu’à grandir encore… mais Twosomeness subjugue déjà.