De vigoureux jeunes Écossais nous offrent un album en forme de plaisir coupable: du Punk Rock instantané replongeant dans les années 90. A manger chaud.
La mode est un éternel recommencement, et si le début des années 2000 ont glorifié les groupes de rock en « The », commence aujourd’hui à frémir un rapprochement avec les années 80, voire… les années 90 (déjà?), tel Cage The Elephant, sorte de bébés Pixies. Ici, pas de retour aux sources, plutôt un brin de nostalgie pour ceux (au moins) trentenaires dans les années 2010, et qui sont passés des cassettes à rembobiner au CD, puis au MP3… mais ont continué d’écouter ces albums qui les ont fait secrètement rêver d’être devant une foule d’headbangers ébahies devant leur solo de guitare tout en tapping.
Les Paws ont plutôt la vingtaine, et ces jeunes gens célèbrent la décennie qui les a vu naitre (les 90’s, donc), sonnant comme s’ils venaient d’une bourgade située à équi-distance entre la Californie et Seattle, alors qu’ils sont Ecossais. Loin des froids et brumeux Highlands, leur couleur musicale est plus chaude, joyeuse, tempo rapide, titres instantanés, rythmique familière que l’on garde en tête à la première écoute. Seule cette forte odeur de houblon pourrait trahir leurs origines. Car la plupart des groupes de rock font leurs débuts dans des bars miteux, les potes parsemant timidement l’espace dédié aux pogos, guettés par les parents, tonton et tata au fond, le pull over sur les épaules. Eux se sont fait un nom dans l’Underground écossais à coups de concerts dans des appartements (visiblement miteux, eux aussi), des squats aux murs décrépis et bordés de matelas crasseux, accompagnés de potes déchaînés… Le garage-rock leur va si bien. Puis est venu le temps des vrais concerts: L’aventure aura duré trois ans, à peaufiner leur son Lo-Fi avec ce soucis de l’urgence musicale, pour finalement capter cette spontanéité dans un studio atypique de Londres (le Lightship95, « bateau-phare » amarré à Londres et retapé en studio cosy).
De ces sessions sont sortis Cokefloat !, album qui peut paraître un peu uniforme, compacte, mais possédant de potentiels tubes tels « Jellyfish » ou encore « Catherine 1956 » (tout deux excellents) et savent également hausser le niveau, avec le single « Sore Tummy » dont la paire basse/ batterie impressionne de facilité, voire hausser le ton avec « Winners don’t bleed », hommage clairement affiché au « Tourette’s » de Nirvana. La jolie « Pony » apporte cette touche un peu mièvre qui permet, éventuellement, d’aller évacuer la pinte précédente (pratique), pour revenir juste à temps sautiller sur « Bloodline », morceaux Punk Rock plein de fraîcheur.
Cokefloat est, selon le groupe,� empreint d’un fort sentiment d’espoir et d’optimisme, la lumière perçant quelques passages noirs de nos vies�. Est-ce leur façon de nous communiquer cet optimisme qui les a fait nommer leur album du nom d’un cocktail fait à base de Coca et de crème fraîche? Quid de cette chanson sur le pote humain de Winnie L’ourson (« Poor old Christopher Robin »)? Ne cherchez pas la cohérence. Rembobinez, et renvoyez « Jellyfish » dans le walkman. Et re-glissez celui ci dans la poche de votre baggy. Ce soir, je fais tout péter: je ferais pas mes devoirs !
Il faut prendre Paws pour ce qu’ils sont : certaines lignes de basses ressemblent aux Pixies, cette guitare à Fugazi, ce tempo à Nirvana, celui-ci à Offsprings.. Mais ils ne semblent pas copier. Ni ré-inventer. Ils jouent, se font plaisir. Sur l’album comme dans leurs appartements pourris. Contentons nous d’écouter. Et d’attendre de les voir sur scène… avec impatience.