Fort d’une discipline pianistique de fer, le trio Aufgang relève le défi d’élaborer des structures organiques mêlant electro et classique… Battles a trouvé son équivalent pianistique.


Voilà un trio qui ne manque pas de ressources ! Anciens étudiants à la prestigieuse Julliard school de New York, les pianistes Rami Khalifé (franco-libanais) et Francesco Tristano (luxembourgeois) gèrent chacun parallèlement quantités de projets variés, que ce soit en tant que compositeurs de musique classique, de disques électro en solo, ou encore en collaborant pour des musiques de film et des spectacles de danse. Avec le batteur Aymeric Westrich (qui loue ses services notamment à Cassius), ils forment depuis 2005 le trio Aufgang, avec à leur actif un premier album éponyme (2009) et quelques EPs/remix, signés sous l’égide du label electro français Infiné Music (Murcof, Don Nino…).

C’est là que ça se complique… Sous la configuration double grands pianos-batterie, ce trio essentiellement instrumental, s’emploie à résoudre des équations harmoniques impossibles, menées à un train BPM d’enfer : classique moderne, techno et krautrock se télescopent dans leurs jeux pyrotechniques, pour une somme que l’on aurait tendance à qualifier de math rock. Toutefois, à l’instar de Battles et d‘Electric Electric, deux autres trios pourfendeurs du genre où l’impulsion rythmique se veut prédominante sur les guitares/machines, la transposition pianistique proposée ici ouvre des possibilités intéressantes.

Du fait de la richesse harmonique des deux grands instruments, les touches noires et blanches déclinent un immense damier, semé de tempos chausse-trape, où le sens stratégique de la composition devient alors crucial. Certes, l’énorme bagage technique des musiciens leur autorise quelques impressionnants tours de force, mais l’approche organique, fusionnelle du groupe, prévaut sur l’ensemble. En témoigne le frénétique voyage vers l’Est « Balkanik », partie d’échec se jouant à grande vitesse, et le non moins urgent « Vertige », partition d’obédience techno. Sur « Abusement Ride », Aufgang recycle de façon plutôt brillante les parties vocales trafiquées de Tyondai Braxton, l’ex Battles, désormais compositeur décomplexé adepte des boucles orchestrales.

Petit bémol toutefois. Les neufs pièces d’Istiklaliya n’adhèrent pas toutes à notre goût, la production étant parfois un peu trop lisse (ha ! ce perfectionnisme des virtuoses !). Surtout lorsque l’alliance electro/classique verse dans la grandiloquence, on louche alors sur du Rondo Veneziano – l’épique final de huit minutes « Rachael’s Run » et sa première partie pompeuse. Hormis cet écart tout de même isolé, ce second album d’Aufgang mérite toute notre attention, ne serait-ce que pour les quatre fabuleux titres mentionnés plus haut. Tout comme le talentueux germanique Nils Frahm – dans un genre plus minimaliste – cette triplette de choc a tout le mérite d’envisager différemment le piano à queue, grâce à l’apport d’une électro organique. Ce blason porté en guise de visuel de l’album, est bel et bien de sang noble.




Aufgang en concert :

15.04.2013 – La Défense; Festival Chorus (gratuit)
16.04.2013 – Paris, Le Trabendo
24.04.2013 – Lille, Aeronef Club
27.04.2013 – Bourges, Printemps de Bourges, Rock n Beat party
10.05.2013 – Luxembourg, Rockhal
11.05.2013 – Bruxelles, Nuits Botaniques
18.05.2013 – Vannes, Echonova
23.05.2013 – Grenoble, La Bobine
04.06.2013 – Nice, Opéra, Festival Crossover
29.06.2013 – Evreux, Rock dans ts ses états
13.07.2013 – Lausanne, Festival de la cité
21.09.2013 – Nimes, Marsatac
25.09.2013 – Marseille, Marsatac
14.11.2013 – Krakatoa, Bordeaux
20.03.2014 – Angers, Le Quai