Et si le meilleur disque psych’n’pop de l’année était français? On y croit très fort à l’écoute de Super Forma, l’ambitieux troisième opus d’Orval Carlos Sibelius.


La France, serait-elle devenue avec la sortie de Super Forma d’Orval Carlos Sibelius, la nouvelle terre promise d’une musique psychédélique aussi prolifère, que savante? Touffu, baroque, envoûtant, ce nouvel album fait définitivement plus que le grand écart entre toutes les influences psychédéliques et pop à tiroirs de son auteur. Mieux, il parvient à les réunir toutes ensemble sous sa coupe afin de livrer en cette fin de printemps un disque de bout en bout magistral.

Avec un nom d’emprunt comme celui d’Orval Carlos Sibelius, on sentait déjà chez le projectionniste parisien Alex Monneau, dont c’est ici le troisième album, l’envie de s’extraire d’une identité trop réductrice pour aller en embrasser mille autres. Il est difficile en effet, à l’écoute de Super Forma, de songer que ces titres aient été écrits par un seul et même homme. Un artiste qui semble pour sa part avoir effectué des centaines de voyages spatio-temporels pour confondre aujourd’hui la pop bancale de Syd Barrett, avec les caresses mélodiques de Love, King Crimson ou encore la science des voix multiples des Byrds. Un disque kaléidoscopique qui possède souvent l’art de la citation sans pour autant se complaire à bêtement copier.

D’une richesse sonore à la fois complexe et foisonnante, Super Forma possède des mélodies imparables que n’auraient certainement pas renié les Beatles de Magical Mystery Tour, le tout complété d’envolées shoegaze qui font de ce grand barnum pop une sorte de synthèse 2013 de tout ce que le psychédélisme au sens très très large du terme a à offrir. Loin de manquer de personnalité, cet album par moments pourrait toutefois pêcher un peu par sa trop grande volonté à bien vouloir faire les choses ou à coller à des styles déjà de nombreuses fois entendus auparavant.

De Super Forma on serait ainsi presque tenté de dire qu’en réalité celui-ci possède parfois les défauts de ses qualités. Un album si universel, qu’il lui manquerait un rien de singularité. Parce que l’on jurerait tout de même bien avoir déjà reconnu dans l’ADN de « Spinning Round » quelque chose qui s’apparenterait au souvenir lointain d’un Elliot Smith, ou dans le titre « Good Remake » un je ne sais quoi de guitare fuzz qui nous ferait irrésistiblement penser à celle des Drop Nineteens. Mais rien de fâcheux à cela pour autant, tant Orval Carlos Sibelius, parvient à travers un bouquet d’influences hybrides à donner vie à un univers qui lui est en finalité totalement propre sur ce LP définitivement aussi passionnant que foisonnant.

Orval Carlos Sibelius – « Good Remake »