Réputés bêtes de scène, The Computers signent un second album plus policé pour affirmer leur identité Rockabilly. Sage mais entraînant.


Pour paraphraser un magazine musical bien connu dans nos contrées, on osera dire que « ÃŠtre Rock en 2013, c’est avoir vu au moins une fois dans sa vie The Computers en concert« . C’est exagéré? Peut être. Mais voir Alex Kershaw haranguer son auditoire depuis la fosse, s’égosiller avant de balancer son micro dans tous les recoins de la scène, le tout hargneusement secondé par ses sbires grimés en parfait groupe de Rock N’ Roll fifties vaut un grand détour. Et vous apporte une bonne dose de vitamines pour le rude automne qui s’annonce.

Ce second opus, Love Triangles Hate Squares est un peu plus sage que le précédent, This Is The Computers, tranchant de fait avec leurs récentes performances scéniques. Sur ce disque à la production léchée et compositions sensiblement plus mainstream, le quintet britannique justifie un peu plus leur consommation exagérée de gomina et le côté propret de leurs costumes cintrés-blancs-immaculés. Alex Kershaw finalement chante plus qu’il ne crie sur cet album Rockabilly aux nuances garage punks rappelant The Sonics. Et en cette période ou tout nouveau groupe en vogue semble déifier les années hippies et leurs musiques psychotropiques, cela apporte une bonne dose de fraîcheur, à défaut d’enfin proposer un style musical réellement novateur. Que voulez vous, l’époque est au vintage.

« Bring Me The Head Of A Hypster » ouvre le bal et montre les muscles, pour ce que l’on pourrait appeler un morceau de « Hard-Rock-n-Roll ». Le rapprochement avec les Jim Jones Revue est évident et se vérifie sur les titres suivants: « Love Triangles, Hate Squares » et « Mr Saturday Night », avec moins de guitares et plus de « ho ho », de claviers et de basses qui swinguent. Sur « Nothing to Say » et « C.R.U.E.L », plus portées sur le chant, sur lesquels le tempo ralentit, et nous font penser que Mike Patton (Faith No More) serait venu faire des extras avec son timbre si particulier de séducteur à l’ancienne.

Si la fin de l’album offre quelques titres évitables (pourquoi ce final mélo-pathétique?), « Sex texts » et « Selina Chinese » semblent là pour enfoncer le clou et proposer de solides tubes pour brancher lors des soirées rallyes de nos amis petits bourgeois en chemises à carreaux, poussés par papa et maman à se trouver un conjoint en dansant le wock n’ roll. A côté, le single officiel, « Disco Sucks » parait un peu terne, et c’est là la principale critique que l’on fera à The Computer : vouloir un peu trop lisser son propos, ne pas oser lâcher les décibels comme ils sont capables de le faire sur scène, et céder plus ou moins de clarté dans les mélodies (ce qui est peu dire aux vues de certaines prestations scéniques) pour gagner en énergie et en spontanéité. Si cela leur permet de gagner du publique pour mettre un peu plus le feu lors de leurs prochains méfaits scéniques, on leur pardonnera. Allègrement même.