Pour son symbolique dixième album, Joseph Arthur a voulu se donner le moyen de ses ambitions…


Pour son symbolique dixième album, Joseph Arthur a voulu se donner le moyen de ses ambitions. En signant son grand retour sur son label historique Real World, mais aussi en sollicitant ses fans via une campagne de financement participatif sur la Toile. Bénéficiant de ce fait d’un solide budget, The Ballad of Boogie Christ tranche avec ses précédentes productions plus modestes, et plus particulièrement du très Lo-Fi Redemption City (2011) diffusé quasi-gracieusement sur le net. L’auteur de Come To Where I’m From a voulu manifestement enregistrer son disque de » classic rock » : une galette à l’ancienne, imbibés de soul, blues, folk , avec grand renfort de sections de cuivres, de cordes ainsi qu’une chorale gospel. L’intention était bonne. Mais The Ballad of Boogies Christ a du mal à diriger son grand orchestre. Ces douze compositions croulent sous le poids de mélodies sans éclat particulier, et d’arrangements trop prévisibles qui peinent à nous tenir en haleine jusqu’au bout – l’ennuyeux épisode piano-bar jazzy « I Used To Know » avec Ben Harper aux chÅ“urs, ou encore le lyrisme springsteenien sur « Wait For Your Lights ». Cela démarrait pourtant bien avec un sympathique big band sur « Currency of Love », voire l’honnête ballade folk « I Miss The Zoo ». Le prolixe songwriter arrive même à nous agacer en accumulant les références au grand Zim’ sur les peu pertinents « Saint of Impossible Causes » et « Black Flowers ». Et ce n’est pas la présence du claviériste Garth Hudson de The Band et du légendaire batteur Jim Keltner en guise de caution dylanesque qui sauvent l’entreprise. Il faut attendre l’ultime plage du disque; « All The Old Heroes », qu’il peaufine déjà depuis quelques années en concert, pour vraiment retrouver une de ses fulgurances dont on le sait (encore) capable. Trop entouré, Joseph Arthur s’éloigne de ce don de proximité qui le rend si singulier. Dommage.