Rare musicien contemporain bénéficiant de l’aura d’artiste culte, Mark Lanegan rend hommage aux héros de son panthéon personnel dans un album de reprises en forme d’oraison funèbre.


Collection de reprises denses, sombres et curieusement introspectives, « Imitations »
impose une nouvelle fois Mark Lanegan comme le plus grand interprète actuel. Loin de
l’exercice de style façon « Rod Stewart », « Imitations » vient judicieusement compléter la discographie déjà pléthorique de l’américain. Œuvre immense qui fait de plus en plus figure d’Etoile Noire du rock.

Enregistré fin 2012 dans la foulée de l’exceptionnel « Blues Funeral », « Imitations » fait la part belle aux disques qu’écoutait Mark Lanegan durant son enfance. Ainsi, l’américain dit avoir eu envie de reprendre les chansons qu’appréciaient ses parents et les amis de ceux-ci. Amateurs bienveillants de chanteurs de velours, dont les arrangements de cordes et les vocalises ont réchauffé et bercé sa jeunesse, tout en lui permettant sans doute, d’appréhender la mélancolie et de le confronter à l’amertume de la nostalgie. Ce que l’on nomme aussi parfois, le blues.

Car au delà des styles revisités ici, country, folk ou big band accompagnant les crooners d’autrefois, pour Mark Lanegan le blues demeure l’essence même de sa musique, un sentiment plus qu’un style musical. Et peu importe le disque ou l’artiste qui lui fait ressentir cela. Pour lui et « Imitations » ne déroge pas à cette règle, le blues est surtout une question d’état dans lequel une chanson le transporte.

Aussi, que ce soit sur ”Solitaire,” “Lonely Street” et même “Autumn Leaves” toutes
chantées auparavant par Andy Williams, que Lanegan considère comme l’un des plus grand interprète de tous les temps, où sur le diamétralement opposé « Elegie funèbre » de Manset, il n’est ici question que de musique sacrée. Finalement, au-delà du chanteur virtuose, ce qui fait l’étrange hétérogénéité de ce disque, c’est l’extraordinaire charisme de cet artiste à la fois mystérieux, étrange et fascinant. Ce supplément de magie qui rend les interprétations de « You only live twice » et de « Pretty Colors » particulièrement enivrantes. Ce débordement d’âme qui justifie la quête de l’amateur de musique rock.