Pour son nouvel album, Paul McCartney dit ne pas avoir su choisir entre les quatre « jeunes » producteurs sollicités. Optant pour le consensus mou en les retenant tous, Paul McCartney a t-il de nouveau raté l’occasion de sortir un album « mieux que passable » ?
Près de sept années séparent New de Memory Almost Full, l’avant dernier album studio de Paul McCartney. Si Memory Almost Full présentait quelques titres plutôt réussis tels que « Mister Bellamy », « That Was Me » ou encore « Only mama knows », la production du médiocre David Kahne et surtout l’affreuse compression due à un mastering digne d’Attila, n’ont pas permis à ce disque de passer l’épreuve du temps. Aussi, une fois oubliée l’immonde pochette de ce nouvel album on est lors des premières écoutes, plutôt rassuré par la réalisation des treize titres, qui malgré la multitude des producteurs présentent une certaine cohérence. Cohésion garantie il est vrai par le mixage confié au seul Giles Martin. Toutefois, plusieurs écoutes approfondies nous amènent à nous poser la question de la longévité de ce nouvel album.Car si la réalisation est honnête, peu de chansons sortent du lot…
C’est quand il accepte les blessures du temps, comme sur le touchant « Early days » que l’Anglais est le plus convaincant. Cette énième évocation de ses jeunes années vient s’ajouter à la longue liste des titres nostalgiques de Sir Paul avec « Flaming Pie », « That Was me »… Cette fois consacrée à sa relation avec Lennon, « Early days » offre une interprétation d’autant plus émouvante quand on songe aux efforts déployés près de cinquante ans plus tôt par Georges Martin et Geoff Emerick pour faire chevroter la voix du jeune Beatle sur « When I’m 64 ». « Hosanna », autre titre produit par Ethan Jones, possède toutes les qualités que l’on attend du plus grand mélodiste anglais du XXe siècle. Sorte de Rick Rubin « pour débutants », Ethan Jones était déjà l’artisan d’une très belle reprise de McCartney sur le dernier album de Tom Jones. Autre point fort de ce disque, « Road » dont les ambiances et le traitement de la voix peuvent rappeler le meilleur Arcade Fire. Enfin, « Queenie Eye » constitue le single le plus convaincant du gaucher depuis peut-être « The World Tonight », titre datant tout de même de 1997.
Pour le reste, en s’offrant les services de collaborateurs serviles comme son affreux groupe de scène, Paul McCartney laisse de nouveau filer l’occasion de sortir un album digne de son rang. L’amateur sincère de l’orfèvre de la pop pourra regretter que le seul disque réellement intéressant de l’anglais de ses trente dernières années soit Chaos and creation in the backyard sorti en 2005. Il est vrai qu’à l’époque, Nigel Godrich n’avait pas hésité à sortir McCartney de sa routine en refusant certaines de ses idées ou en entraînant le musicien sur des terrains escarpés. En faisant son travail de producteur, Godrich avait réussi l’incroyable exploit de réaliser un album post-Wings de McCartney, quasiment intéressant de bout en bout.
Finalement, la seule bonne nouvelle de ce disque est l’incroyable bonne santé du musicien qui à soixante et onze ans affiche toujours un enthousiasme formidable pour jouer, enregistrer et promouvoir sa musique. Pour le fan, la lecture du livret est extrêmement réjouissante. Dans le même temps, cette lecture et l’écoute de ce disque confirment que le doute et la remise en question pourraient être des facteurs déterminants dans tout processus créatif et charge supplémentaire pour l’artiste, que le plus grand fan des Beatles au monde, n’est autre que Paul McCartney lui-même…