Sur un nouvel opus luxuriant et enflammé, les intransigeants Gallon Drunk assènent un vibrant coup de trique rock’n’roll, comme un défi à l’inexorable passage du temps.


Ayant déjà présenté le groupe anglais en ces pages, inutile de revenir sur le pedigree de James Johnston et son gang Gallon Drunk. Après plus de vingt-cinq ans d’activité, le groupe semble toujours assoiffé de rock’n’roll, ce qu’atteste ce nouvel album publié sur le label et studio allemand Clouds Hill. The Soul of the Hour bouscule encore les limites punk blues du combo avec une collection de sept magnifiques gifles auditives. Rassurons-nous tout de même : le groove souple de Ian White claque toujours, les guitares crasseuses de Terry Edwards et James Johnston crépitent comme il faut, ce dernier hurlant encore comme un possédé. A l’exception du bilieux « The Dumb Room » affichant du Gallon Drunk pur jus, le reste du disque dévoile des titres bien plus aventureux et inédits.

Dès l’introductif « Before the fire », le groupe installe une ambiance nocturne des plus inquiétantes, avec ce long crescendo hypnotique de plus de neuf minutes. Tour à tour viennent s’ajouter nappes d’orgue, caisse claire, guitares, voix et cuivres en feu. Une forme de transe gothique que l’on retrouve avec « The Exit Sign » et son beat martial. On y entend aussi les sombres roulements de basse du nouveau venu Leo Kurunis. Le morceau se mue alors en danse garage avec son orgue et ses guitares fuzz, se conclut en orage tel un festin stoogien. A l’image du titre éponyme, les anglais entament leurs nouvelles chansons avec davantage de dépouillement, les déroulent de manière lancinante pour mieux les faire exploser au son des cuivres hurlants de Terry Edwards.
Si la formation londonienne affectionne toujours les guitares bluesy et poisseuses, elle assure son savoir-faire pour la ballade crépusculaire et épurée avec « Dust in the light ». Intime respiration logée au milieu du disque, le groupe livre ici certainement une des chansons les plus vibrantes qu’il ait jamais écrites. Avec « Over and over » et « The Speed of Fear », Gallon Drunk clôt un disque halluciné, qui malgré ses petits défauts – quelques mélodies faiblardes, des fins de morceaux brouillons, et bon, James Johnston n’est quand même pas Nick Cave – présente une richesse et une vitalité des plus enthousiasmantes.

Enregistré en compagnie du fidèle Johann Scheerer aux studios Clouds Hill de Hambourg, The Soul of the Hour est une collection de titres à la fois variée et cohérente, un nouvel effort débordant d’ambiances sombres, crades et hantées, d’une vitalité qui tord le cou aux critiques d’immobilisme souvent faites aux vétérans du rock. Transpirant la crasse et la classe, Gallon Drunk nargue la routine.




Tournée :

Le 10 Avril – Lorient, Le Manège
Le 11 Avril – Honfleur, Batolune
Le 12 Avril – Paris, Petit Bain
Le 13 Avril – La Rochelle, La Sirène