Il arrive que l’entretien, quand il est direct, riche et sincère, dévoile son réel intérêt : une rencontre au delà des objets, de la partie visible de l’iceberg. Comme celui de Keiko Higuchi, remarquable chanteuse/performeuse japonaise, révélé ici et là à travers ses réponses.
Quelle a été votre trajectoire avant de devenir chanteuse/performeuse?
Je me suis entraînée, je pense. Je prenais des cours de clavier à l’école primaire jusqu’à mon départ pour les Etats-Unis, à l’âge de 15 ans. A 16 ans j’ai commencé des cours d’exercice vocale. J’allais, à 18 ans, faire une école de musique pour étudier le chant jazz, mais j’ai attendu un peu ; Par la suite, j’ai été dans une école en tant qu’élève de chant jazz ainsi que pour étudier la théorie musicale, etc. Cela a duré un an, puis j’ai arrêté. J’ai continué avec un professeur particulier, et commencé à jouer à la même période. J’ai aussi eu un peu de de cours de chant théâtral et travail corporel, mais je ne sais pas si on peut appeler cela une éducation artistique « traditionnelle ».
Mises à part les leçons vocales, j’ai étudié la danse traditionnelle japonaise, le « koto », le « shamisen » [instruments traditionnaux japonais-ndlr] et également le piano et la batterie. Je pense que travailler avec des instruments à cordes est très bien pour mes oreilles ; jouer de la batterie me donne l’idée des dynamiques et la palette dans les sons, comme le timbre, la résonance etc., mais aussi à séparer les différentes parties de mon corps.
Dans votre travail vous utilisez votre corps et votre voix, mais vous avez également une pratique d’écriture et de la photographie. Où placez-vous ces dernières dans votre activité artistique?
Je n’ai pas trop écrit récemment même si je le fais de temps en temps, et la photographie n’est plus vraiment une passion. Je tiens des cahiers, si on peut appeler cela de l’écriture ; pour la photographie cela coûte de l’argent de développer des pellicules et louer une chambre noire. En plus je n’ai pas de scanner. Je pensais faire plus de portraits de moi-même, mais je n’ai pas pu. J’ai travaillé et je travaille encore avec des différents médiums selon ma volonté, loin d’atteindre la perfection (sachant que, dans un sens, rien n’est parfait). Quand j’ai besoin d’un paysage visuel, je dessine ou prends quelques photos pour l’adapter à ma musique. Mais la plupart du temps je dois dire que ce que je fais vient du son ; même quand j’écris c’est le battement, le rythme que j’ai en tête. Mais encore une fois je n’ai pas beaucoup écrit ces derniers temps.
Je travaille avec ces différents médiums pour arriver à un certain degré de satisfaction, ce qui ne veux pas dire que j’en ressens le besoin dans ma musique. Cela ne me dérange pas d’avoir des visuels ou choses tape-à-l’Å“il, mais j’espère vraiment que la musique, ou je dirais ma musique, peut tenir debout seul. Mais vous savez, parfois ce n’est pas la manière dont les gens voient les choses, ni ce qu’ils désirent.
En tant qu’artiste japonaise, que pourriez-vous dire si vous compariez les différentes scènes, comme celles européenne et japonaise? Comment est la réception de vos concerts/performances à l’extérieur du Japon?
Je ne sais pas comment je suis accepté, si c’est effectivement le cas. Je peux seulement parler de ce que je ressens ou j’ai ressenti. Chaque réaction change et dépend de ce que je fais, que ce soit de l’improvisation, des solos vocal/piano, des collaborations, ou travailler avec des danseurs…
Donc je ne peux que parler de mon expérience ; je ne peux donner un avis ni supposer la manière dont je suis reçue ou de ce qu’on peut y déceler puisque je ne suis pas présente. Autrement dit je ne suis pas à leur place.
Bien sûr j’ai ma propre idée, pour ainsi dire, mais c’est difficile à formuler. Aussi la manière dont je perçois les choses diffère selon les différents stades/phases de la vie ; alors ce que j’ai pu ressentir autrefois ne s’applique peut-être pas à mon ressenti d’aujourd’hui. Je préfère donc éviter d’essayer de décrire cela pour le moment.
Quelle est l’importance pour vous des collaborations avec différents artistes, qui vont de la seule utilisation de votre voix au développement des projets?
En fait ça m’arrive de me servir d’autres instruments pour une collaboration. Cela dépend aussi de la situation, de la personne avec qui je joue, etc. Evidemment, j’utilise le piano quand il y en a un. Des fois je joue à la batterie. Mais la voix est mon instrument premier. Beaucoup de gens possèdent cet instrument ; moi je laisse mon corps chanter. Je n’utilise pas beaucoup d’effets, puisque je peux les réaliser avec ma voix. J’utilise une machine pour des loops (boucles, ndlr), une réverbe numérique et une pédale. C’est tout. Pour répondre à votre question : je fais mes solos (vocal/piano) et je travaille uniquement avec des gens avec lesquels je désire travailler, chez qui je peux sentir l’énergie et le souffle. Aussi, je travaille avec des personnes avec lesquelles je peux développer mes capacités, avancer vers l’inconnu.
Je ne sais pas si le mot « importance » est approprié, mais je viens de la scène d’improvisation où j’utilise mon corps, ma voix ; le fait de chanter est venu par la suite. Du coup c’est naturel pour moi de travailler avec les autres. Néanmoins, je dois noter que je ne suis pas comme ces musiciens qui peuvent jouer avec tout le monde, et c’est pourquoi je n’ai pas l’habitude de me définir comme une musicienne, ou je ne me suis jamais considérée comme telle. Mais j’imagine que j’en suis une puisqu’il s’agit de musique quoique je fasse, et que je travaille principalement avec les sons.
Avec un piano, une batterie, ou juste un joueur de violoncelle…on dirait que vous ne performez qu’en petits groupes, dans des situations confinées. Pour vous, de quelle manière cet aspect de votre musique joue sur la perception que nous, les auditeurs, ont de votre musique et de votre univers artistique?
Je travaille sur le son ; je ne chante ni ne donne des messages. Je chante avec des paroles quelques fois, mais je vocalise la plupart du temps sans mots spécifiques. Dans ce contexte, je travaille avec les aspects phonologiques et phonétiques des mots ou, disons des sons, qui sortent de ma bouche. La manière dont nous utilisons les lèvres, la langue, la gorge (le palais mou et le reste, pour être plus précis) mais également la façon dont je bouge, ça a un effet sur ma voix. Alors je travaille en petits groupes, comme vous le dites, pour générer tout cela, aussi pour travailler avec les respirations et l’énergie des autres, le public inclus. Quand on a beaucoup de bourdonnements dans les oreilles, moi je ne peux que pousser un cri. Cela dépend des circonstances bien sûr, mais j’aime travailler avec des dynamiques, la palette sonore etc. Ce que j’ai voulu au départ c’est d’ouvrir toutes nos perceptions, de prendre conscience. Mais je sais qu’il y a des personnes qui refusent ce dévoilement complet, une chose que je peux aussi comprendre. Ce n’est pas pour tout le monde. L’ouverture des sens et perceptions, c’est simplement ce que je suis et ce que je désire ressentir.
Pour revenir sur le sujet concernant les petites formations, je ne sais ce qui est petit, mais il arrive que je joue dans celles qui sont plus élargies, et parfois dans des groupes : avec DUEL, il y a quatre musiciens où je n’utilise que ma voix ; 0.03 a trois membres, même si on a plus ou moins arrêté de jouer, où j’étais à la boite à rythme…ça fait un moment…
Quelles sont les différences dans votre approche du chant et celle du moment d’improvisation?
Une approche différente….Je viens de l’impro, même si j’ai chanté dans les écoles etc. Alors quand j’ai fait un retour au chant quelques années avant la sortie de mon cd Love Hotel, j’étais intéressée par le fait d’avoir une partition devant moi. Ca m’a permis de « sortir » de la partition, une chose cadrée où il n’y a pas de place pour l’improvisation. Je me suis exercée à « agir » et non à « réagir » sur le coup pendant un long moment, et c’est aussi ma démarche pour chanter des chansons. Mais j’ai un cadre. Et sortir de cette musique sur papier carré est excitant d’une certaine manière. C’est une approche totalement différente de ce que j’avais l’habitude de faire. Il est difficile de retourner à chanter des chansons après le chant improvisé. Ca doit un peu se ressembler, mais pour la chanson il faut de l’exercice, dans le sens où c’est moi qui me donne du mal. A part ça je ne me plains pas, donc je ne suis pas malheureuse. Je peux m’améliorer si je le désire. Avec l’improvisation, il ne s’agit pas seulement de la musique et de la relation entre moi et le public, mais aussi celle avec les autres performeurs. Je tends la main pour attraper quelque chose, la laisse me traverser et l’évacuer. Avec les chansons, je fais de l’improvisation et modifie les choses tellement qu’elles deviennent méconnaissables, mais je CHANTE. Dans un sens, je me sens protégée par elles.
Vous avez récemment sorti un album d’improvisation avec Morishige Yasumune, Awai. Quel était votre état d’esprit durant cette session d’impro?
Je n’ai pas été intéressée pendant longtemps pour des sorties CD etc. Ce n’est que récemment que j’ai commencé à faire des albums. Moi et Morishige travaillons ensemble depuis pas mal de temps : plus de 15 ans. Depuis que je suis rentrée au Japon, on a commencé à jouer ensemble pour le danseur butoh Imre Thormann. On a pas mal tourné à l’époque. J’ai pensé que c’était légitime, ou disons que j’étais d’accord, pour faire un album. Alors pour vous répondre, on connaît en effet la chose sur laquelle on se concentre. On dit souvent qu’on aimerait communiquer avec les peuples primitifs, si c’est possible éventuellement. Pas d’académisme ou de langage « conventionnel » qui doit entrer en ligne de compte. Seuls les sens et la cognition (perception) universelle doivent permettre aux gens de communiquer. C’est ce qu’on a fait.
Pourriez-vous nous expliquer l’idée et le processus de création derrière , votre album sorti en 2013?
Hmm, je ne sais pas si je veux parler de cela à quelqu’un. Peut-être que ce n’était pas bien sur plusieurs plans, mais dans un sens, je ne suis pas très gâtée par certains, c’est en tout cas ce que je me dis. Mais j’ai pensé qu’il fallait que j’essaie d’atteindre plus d’auditeurs. Mon solo ne va pas marcher. Pas mal de mes autres travaux non plus ne marchent pas, du coup j’ai pensé ajouter un peu plus d’excitation et, dans un sens, avoir un « langage commun » avec les gens. Comme dans un groupe. Vous savez, quand le guitariste/vocaliste comprend le batteur, le bassiste etc. dans un album. Bien sûr, j’ai essayé de ne pas perdre l’essence de ma priorité, et j’ai demandé aux autres musiciens d’ajouter des sons au mien. C’était la première fois pour moi d’avoir quelqu’un qui ajoutait du son à mon solo dans un « studio » ; un autre essai de première fois. J’ai toujours cru en la puissance de la musique « live », alors j’enregistrais la plupart du temps pendant que je jouais. Autrement dit pendant les performances. Vous savez, mon premier album solo Love Hotel a été enregistré live. Et je sens que j’aimerai bien retourner à cela pour le prochain album solo. Mais qui sait. J’ai quelques idées pour le prochain, mais je ne suis pas sûre encore de savoir si je veux le faire dans un studio ou pendant les performances.
Enfin, pour retourner à l’histoire d’Ephemeral as Petals, j’ai voulu un langage commun mais, bien sûr, pas quelque chose de type ordinaire. Et je ne fais pas plusieurs prises sur une même chose. Je m’autorise moi et les autres à deux prises ; si ça ne prend pas, alors tant pis : je laisse tomber le morceau, ou je choisis entre deux prises. J’ai juste demandé au guitariste et au batteur d’improviser. J’ai choisi ces deux personnes, et c’est tout. Si les choses n’avaient pas fonctionné, je n’aurais pas eu de raison à me tenir à ce morceau. Comme c’était un enregistrement en studio, j’aurais pu ne pas utiliser d’autres sons et continuer avec mon chant et le piano. Vous voyez ce que je veux dire? Ainsi j’ai enregistré ma partie en première ; le guitariste et le batteur ont ajouté leurs sons par la suite séparément. On n’a jamais joué tous ensemble ; je l’ai fait avec chacun en duo par contre.
Projets, concerts, collaborations…Qu’est-ce qui vous attend en 2014? Aussi, qu’est-ce que vous écoutez ces derniers temps?
Ce qui attend… cette année.
J’aurais aimé le savoir aussi. Chaque année j’ai des idées en tête, mais cette année ça n’est pas trop le cas. Je voudrais visiter plus d’endroits au Japon. Je ne l’ai pas trop fait puisque c’est assez cher de voyager ici. Mais je ne planifie pas d’aller dans d’autres pays, donc j’aimerais faire cela. J’ai un cd, Melt, qui va sortir bientôt chez Musik Atlach, le label de Sachiko, une bonne amie à moi. C’est un travail avec le musicien/artiste CRIS X (Cristiano Luciani).
Aussi je voudrais travailler plus sur mon solo (vocal/piano). Quoi d’autres…
Je vais travailler avec des gens du théâtre et de la danse, réaliser des collaborations. Aussi je fais de la batterie, donc je devrais avoir des concerts avec également.
Ce que j’écoute en ce moment…Vous voulez dire à la maison? Je sors faire des concerts quand je peux, et chez moi j’écoute des choses que je veux sur le moment. Quand je prépare un album, je n’écoute que ma musique pour la concentration, mais une fois qu’il est sorti, je ne l’écoute plus. Il y a beaucoup de choses que j’aime, mais je ne peux juste décrire un seul ou plusieurs.
Peut-être un album qui vous vient à l’esprit, quelque chose que vous avez écouté et apprécié récemment…
Pour parler juste de ces derniers jours…
Dagmar Andrtová-Voňková, l’album Mili Moji.
J’imagine qu’il y en a d’autres, mais celui-ci m’est venu en tête.
(English version)
What was your trajectory before becoming singer/performer?
I did have some training. i was taking lessons on keyboard when i was in elementary school till i left to the states at the age of 15. i think. and i started taking voice training since i was 16 or so. i was going to go to a music college to study jazz singing at 18, but i waited till later. then i don’t know when, but i went to a music college as a jazz vocal student and also studied music theory and stuff for one year, then dropped out. i kept studying with a private teacher and started playing out around that time. i also picked up some theater vocal thing and body work, but i don’t know if any of that would be called « traditional artistic education ».Â
Aside from those vocal lessons, i had taken some lessons on japanese traditional dance and also instruments called « koto » and « shamisen ». i also practice the piano and drums. i think working on string instruments is very good for my ears, and also playing drums give me the idea of dynamics and spectrum in sounds, resonance and timber and all, and also to separate the parts of my body.Â
You work with your voice and body, but you practice also writing and photography. Where do you place these last two in your artistic activity in general?
i haven’t been writing much even though i do some writing at times, and also photography is not much of passion for me anymore. i keep journals when i feel like it if you call that writing. for photography, it costs too much to develop films and to go into a darkroom. plus i don’t have a scanner. i have been thinking of doing more self portraits, but i just haven’t got round to it. i’ve worked and still do work in different medium just when i feel as i am not coming to perfection (knowing that, in a sense, Â nothing is perfect). when i need a visual landscape, i draw or take pictures to accommodate my music. but mostly, i must say, that what i do is coming from sound. even when i write, it is the beat, the rhyme i think about. i guess. but again i tell you that i hardly ever write nowadays.Â
I say, i have been working on those different medium to find the satisfactory state, but that doesn’t meant that i i need something in my music. i wouldn’t mind having visuals and any flashy things while i am playing, but i really hope that music, or rather say, my music can stand still itself. but you know at times, that is not how people look at things, or what they want.
As a japanese artist, what can you say when you compare different scenes, like the european or american and the japanese artistic/improvisation scene? How is the reception to your performances/concerts outside of Japan?
I do not know how i am accepted, if ever accepted. i can only tell from how i feel or have felt, and each reaction differ from time to time and also depends on what i do, whether improv, solo piano/vocals, collaborations, or work with dancers….Â
so I can only speak of myself and not to give any observation or to make assumption over how i am received or what is there because i am not there, in another way to say it, i am not them.
Of course, i have some idea, so to speak, but this is really difficult to say. also, depending upon various phases/ stages in life, the way i perceive things may differ, so what i once thought or felt may not apply to what i perceive now. so i’d rather avoid describing that for the present moment.
-What’s for you the importance of collaborating with different artists, from using only your voice for a song to develop a whole project together?
Well, I do use other instruments at times when collaborating with others. it also depends on the situation, whom i play with and all that. of course, i do use the piano when there is one. i play the drums at times. but of course, voice is my primal instrument. well, pretty much everybody has this instrument. and i let my body sing. i don’t use much effects, either, because i can do so much with my voice. i use a loop machine, a digital reverb, and a pedal. that is all. so, to answer your question, mmmm, i do my solo (piano/ vocals), and i work only with people i want to work with, whom i can feel the energy and breathing. also, i work with the people whom i can stretch out my capability. somewhere to the unknown. i don’t know if the word « importance » is appropriate in any means, but i am coming from using my body, my voice, in improv scene to start out with, and i started doing my solo singing stuff later, so to me, it is natural that i work with other musicians and so on. however, i must note that i am not like many musicians who can play with anybody. and that was the reason i used to not call myself a musician or i never consider to be one. but i guess i am one since i play music and no matter what i do, i primarily work with sounds.Â
Piano, drums, or just with a cello player…You seem to perform in small gatherings, in confined situations. According to you, in which way does this aspect of your music have en effect on the perception that we, listeners, can have of your music and your artistic universe?
What i am working on is about sound. i don’t sing or tell messages. i sing lyrics at times, but at times i mostly vocalize and with no specific words. in that context, i work with phonological and phonetic aspects of words, or say, sound, that comes out of our mouth. the way we use lips, tongue, throat (to be more precise, soft palate and so on). also, the way i move and all that affect my voice. then i rather work in small gatherings, as you mention, in order to generate all that and also to work with breathings and energy with the others, including the audience. when there are too many ringing in your ears, i don’t know what to do except to scream or something like that. it depends on the circumstances, of course, but i like to work with dynamics, spectrum of sounds and so on. what i wanted, at the beginning, was to open up all the possible perception we have. to be aware. but i know some people prefer not opening the whole, and i can understand that, too. it is not for everybody. it is just how i am and what i would like to feel, to open up the whole senses, perception.Â
Speaking of the small gathering matter, i don’t know what are small, but there are times i play with  bigger groups, and at times i play in bands. with DUEL, there are 4 people involved where i only do my voice stuff. 0.03 has 3 members even though we hardly ever do this anymore. but here i play a drum machine…. haven’t done it a while…
Can you tell about the differences of your approach between singing, opposing to the time when you improvise…
The different approach in singing—- well, i came from improvisation even though i was singing in schools and things. so, when i went back to singing about , when? a few years before i released « love hotel » cd, i was interested in having a score in front of me. it allowed me to go « out » of the score, something i see in a frame where as there is nothing for improv. i had trained not to « react » but to « act » at the moment for a long time, and my approach to singing songs is also that. but i have a framework. and then to go out from it, from the square sheet music, is exciting in a way. it is a total different approach from what i had been doing. there is a difficulty in singing improv and go back to singing songs. it might be similar to that, but singing songs needs practice in a sense that i give my own shit to my self. i have nothing else to complain. so, i don’t get miserable. i can just get better if i want to. with improv, it is not only with music and the relation between me and the audience, but also with other performers. i reach out to grab something and let it run thru me and bring that out of me. with songs, i do improv and change things around till nobody would know what songs i am singing, but i AM singing songs. in a way, i feel i am protected by them.Â
You released recently an improvisation album with Morishige Yasumune called Awai. What was  your state of mind during this improvisation session?
I started out my career as an improviser. of course, i started singing much earlier, but « officially » speaking, i am coming from improv stuff. i first worked with jonathan lamaster’s saturnalia in boston, then there we had many people involved in the group, and at times it was like 9-piece-band. so i have done improv with a bigger group, to answer your previous question. and i was never interested in releasing cds and things for a long time. it is rather recent that i started making albums. me and morishige have been working together for quite a long time. over 15 years. ever since i came back to japan. we started out playing together for the butoh dancer named imre thormann. we did lots of tour back then. i and morishige still play together at times, and we work quite well each other, so after 15 years of working together, i figured it would be legitimate or say okay, to make a release. so, to answer your question here, we know what we like to focus on. we often say we would like to be able to communicate  with primitives, in however it is possible. no academism or any « conventional » language should be involved. just as all the senses or universal cognition (perception) should let the people communicate. so that is what we did.
Can you tell us about the idea and the creational process in Ephemeral as Petals, your album published in 2013?
Mmm, I don’t know if i want to tell anybody how i came into work on this one. perhaps, it wasn’t all right for many means, but in a way, i am not favored by many, so this is my way of thinking, but i figured i should try to reach out more to the listeners. my solo won’t work. many other works of mine don’t either. so i thought of adding more excitement and in a way to have a « common language » with people. like, in a way, a band set. you know, how the guitar/ vocal person gets the drummer, bassist and so on on the album. of course, i tried not to lose the essence of my priority. and i asked other players to add sounds to mine. it was actually the first time for me to have anybody adding sounds to my solo in a « studio ». that was another first try i gave. to record in a studio. i have always believed in the power of « live » music, so i do most of my recordings while i play out. in another word, at shows. you know. my first solo « love hotel » was recorded live. now i feel as i would like to go back to that for the next solo album. but who knows. i don’t know. i have some ideas for the next, but i still am not sure if i would like to do it in a studio or at shows.Â
Anyway, to go back to my ephemeral story, i wanted to have common language to deal with but of course, nothing of an ordinary kind. and i don’t do many takes on one thing. i allow myself and others do only 2 takes. if things don’t work, then that’s it. i would just drop using the track, or i choose from those 2 takes. i just asked the guitarist and the drummer to do improv or do however they would like. i chose those two people. so that was it. if things wouldn’t work, i didn’t have the reason to stick to that tune. since it was the studio recording, i could anyway go back to not using any other sounds, but just to have my vocals and the piano. you know what i mean?
so, i recorded my part first, then had those guitarist and the drummer adding their sound to mine separately. we had never played together, though i have performed with both of them as duo sets.
Different projects, concerts, collaborations…What’s waiting for you in 2014 ? Also, what are you listening to these days?
What is awaiting… this year.
i would like to know, too. each year i have some things in mind, but this year, i have not many thoughts. i would like to go more places in japan. i don’t do it much since it is quite expensive to travel around here, but i have no plan to go to other countries, so i would like to do this. and i have a cd « MELT » to be released soon from my good friend, sachiko’s label, music atlach. this is a work with the italian musician/ artist named CRIS X (cristiano luciani).Â
http://musikatlach.blogspot.jp/p/cris-x-live-in-japan.html
And i would also work more on my solo (piano/vocals). what else.Â
i will be working with theater/ dance people, and always have some collaborations to do. i have been working on drums, so i shall have some gigs for that, too.Â
And what i’ve been listening to… you mean at home??? i go listen to music when i can. and at home i listen to things i feel for at the time. when i am indulged in releasing my music, then i can only listen to my music for concentration, but oh, once it’s released, i don’t listen to that anymore. there are plenty of music to listen to, so i just cannot describe one or a few.
Maybe a couple of albums that pop in your mind, albums or music that you listened and liked recently…
I can only talk about the last few days.
Dagmar Andrtová-Voňková
the album « Mili moji ».
I guess there are many others, but that came to my mind.Â
A écouter : « Sister »
« In obscurity » (Higuchi Keiko/Cris X)
« Live impro at Bar Isshee, Shibuya, Tokyo, Japon » (Higuchi/Sachiko/IOIOI)