Point de Hiatus pour John Dwyer, qui livre – en plus d’un album solo-electro – une ultime leçon de garage rock avec son illustre combo, avant de voguer vers de nouveaux horizons musicaux.
N’allez pas croire que quand il annonçait mettre en pause les activités de son groupe superstar pour une durée indéterminée, John Dwyer avait sciemment orchestré un énorme buzz sur les réseaux sociaux destiné à créer l’attente. Jusque-là, le fan acharné n’arrivait déjà pas à suivre la cadence productive effrénée de ce que beaucoup appellent (seulement) aujourd’hui « le meilleur groupe de Rock du monde » (dixit les Inrocks, merci les gars, il n’est jamais trop tard).
En effet, Noël semblait tomber au printemps cette année avec deux albums sortis simultanément par le maître occulte de San Francisco (qu’il a récemment quitté pour Los Angeles) : Drop de Thee Oh Sees et Hubba Bubba sous le nom de Damaged Bug. Et effectivement, Thee Oh Sees a passé un pallié, en terme de reconnaissance tout du moins, les critiques de tous horizons étant unanimes pour célébrer cette offrande surprise. Mais est-il besoin de défendre ceux qui, plus que tout autres, nous prouvent depuis quelques années déjà que l’on peut garder « l’attitude » malgré le succès (à l’inverse des Black Keys, pour ne citer qu’eux) ?
Disons le tout de go : oui, Drop est au-dessus du lot. Oui, l’album est d’une qualité indiscutable. Mais peut être peut-on reprocher à John Dwyer de n’avoir pas lâché les chevaux, comme sur ses précédentes offrandes, Floating Coffin ou le mini mais ravageur Moon Sick (tous deux enregistrés pendant les mêmes sessions), avec leurs titres spontanés et swinguant qui nous permettaient, en remuant la tête dans le métro le matin, d’ébouriffer cette bouillie gélifiée produite à la va-vite un peu plus tôt devant la glace. Combien sont-ils, ceux à avoir été littéralement sauvés capillairement avant d’arriver au travail, le casque aux oreilles ? Personne ne le sait, et ce n’est pas le sujet ici, tant Drop dévoile une autre facette d’un Thee Oh Sees plus appliqué qu’à l’accoutumé, pour mettre en forme son talent, « brut » évidemment : « Penetrating Eye » lance un assaut agressif-psyché qu’un « Encrypted Bounce » tarde pas à étouffer sous un amas de guitares qui grésillent.
Puis, la pression retombe : « Savage Victory », « Camera » ou « Put some reverb on my brother » voient le disciple Mikal Cronin devenir référence, pour finalement être dépassé à son propre jeu par « The Kings Noise » et « The Lens », deux joyaux sirupeux jetés au milieu d’un nÅ“ud de reverbs et de distorsions, nous rappelant aux méthodes psychédéliques des parrains du genre, les Beatles. Comme un besoin de d’abaisser la tension avant de cesser toute activité, une bonne fois pour toute. Le calme (plat) avant la tempête ?