A défaut de renouvellement, l’étincelle perdure sur le second opus du quatuor garage rock londonien. Diablement attachant.


Ils nous avaient déjà fait le coup les saligauds voilà deux ans. Sur la pochette de leur second album, une photo de groupe désinvolte avec en arrière-fond un mur des briques rouges, dans la grande et longue tradition rock prolétaire britannique – les ainés Clash, The Jam, The Smiths & Co. On entend déjà des voix s’élever au loin : rien de neuf sous le soleil (ou plutôt sous l’Albion). Pourtant, les Palma Violets donnent envie d’y croire, car ce sont actuellement les garants les plus crédibles d’un héritage culturel insulaire décidément bien lourd à porter. La paire de songwriters Chilli Jesson (basse/chant) et Sam Fryer (guitare/chant) ont cette gouaille anglaise flamboyante révélée dès leur imparable premier single « Best Of Friends ».

L’éternelle question demeure : Qu’est-ce qui peut pousser aujourd’hui de jeunes avortons à vouloir former un groupe de rock, cette chose rétro héritée du siècle dernier ? Probablement pour la même raison que celle des générations précédentes: à cause de la discothèque (aujourd’hui numérique) du grand frère. Celles des aînés des Palma Violets vibrent pour un rock aux lignes de guitares débraillées et leurs refrains enivrants, pour ce premier frisson procuré à l’écoute de Joe Strummer et sa poésie engagée, et pour la « loose » attitude élégante de Johnny Thunders, et Peter Perrett des The Only Ones… En considérant cette mythologie, tout va alors de sens pour ces musiciens d’à peine 25 ans épris de liberté.

Il va sans dire que ce que les Palma Violets ont de plus précieux à offrir est un instantané de candeur rock. Celle qui a fait leur réputation scénique, quitte à flirter avec les excès en tous genres (biture en première ligne). C’est dans l’ordre des choses, et les quatre garçons du quartier de Lambeth en sont bien conscients. Aussi, pour préserver cette fraîcheur ô combien éphémère sur l’épreuve délicate second album, le monument John Leckie en personne a été réquisitionné. L’homme dont nous resterons éternellement redevables pour avoir produit le premier album des Stone Roses.

Sir John Leckie est encore une fois l’homme de la situation et leur a façonné un son sans esbroufe mais qui capte parfaitement cette fougue juvénile. Les douze titres de Danger in the Club ne manquent pas de fulgurance, même si l’effet de surprise du premier album s’est forcément un peu estompé, ni de grands bouleversements sont à noter par rapport au son du premier album, 180. On est plutôt dans le cas de figure du second album des Clash, qui n’apportait fondamentalement rien de novateur par rapport au premier, mais assurait une sérieuse collection de morceaux imparables. Le renouvellement n’est pas encore d’actualité pour ces jeunes talents pressés de brûler la mèche par les deux bouts. La révolution sonore attendra, ici le panache prévaut et c’est déjà beaucoup.

Pour le reste, la complicité entre les deux acolytes Sam Fryer et Chilli Jesson réserve indéniablement quelques grands moments. Leurs refrains braillés à l’unisson font mouche sur « Coming Over To My Place », « Hollywood », « Danger in the club » et le vibrant finale « English Tongue ». D’autres moins relevés comme « Matador » et « Peter and The Gunn » font davantage dans la dramaturgie de comptoir, et leur sied bien. « The Jack Song », aux relents « Peter Dohertien » a un peu du mal à cacher ses influences, mais le charme opère tout de même. On attendra donc le prochain tour pour réclamer leur London Calling ou The Queen is Dead. Mais en attendant, on se dit que cette photo de groupe a du caractère et pourrait bien un jour devenir iconique. Sans leur souhaiter tout de même de rejoindre les murs poussiéreux d’un Hard Rock café.