Décidément, c’est une rentrée bien maussade pour les grosses têtes du math rock. Après le rendez-vous manqué du nouveau Battles, voilà que Foals aussi nous fait faux bond.


Conforté par le succès de son précédent opus Holy Fire, le quintet emmené par Yannis Philiipakis montre pourtant – et pour la première fois – des signes de relâchement sur son quatrième opus, What Went Down. A ce stade de leur carrière, Foals est devenu une valeur sûre jouant à guichet fermé dans des grandes salles. Une ascension tout à fait mérité. Car jusqu’ici, aucun faux pas n’avait été décelé. A chaque nouvel album, le quintet était parvenu à se réinventer : des débuts fougueux et audacieux d’Antidotes, aux spectaculaires tempêtes lyriques de Total Life Forever en passant par les innombrables tubes de Holy Fire.
Mais qui dit popularité, dit aussi nouvelles obligations, notamment celles d’assurer des tournées de plus en plus longues. A peine le quintet a-t-il eu le temps de sortir la tête de l’eau et de ses tournées que le groupe doit retourner enregistrer en studios. Aussi, deux ans seulement après Holy Fire, What Went Down donne le sentiment d’être arrivé trop vite.

La production de What Went Down – enregistré au studio français la Fabrique – a cette fois été confiée à un producteur très en vue, leur compatriote James Ford (Artic Monkeys, Klaxons, Florence and the Machines …). Même si le vétéran Alan Moulder garde toujours un Å“il sur l’ensemble – complice sur le précédent opus – et est en chargé du mixage final. Mais s’entourer de brillants collaborateurs ne suffit pas à accoucher de grands disques… Si toutes les conditions logistiques étaient réunies, le temps paraît quant à lui avoir clairement manqué. Quelque part, les dynamiques rythmiques complexes de Foals ont finalement autant à voir avec un groupe de trash-metal qu’une formation indie-pop. L’écriture des morceaux nécessitent un certain recul d’élaboration que le groupe n’a visiblement pas eu cette fois.

Pour autant, What Went Down n’est pas un disque totalement raté, et donne même l’apparence d’être cohérent dans l’ensemble, par sa couleur bleue mélancolique et ses tempos de plus en plus distendus. Les dix titres s’inscrivent dans le prolongement mélodieux et atmosphérique de Holy Fire, sans la réussite escomptée. « What Went Down » seul démonstration de force du disque, est stratégiquement placé en tête. Puis la fougue s’atténue progressivement sur les pistes suivantes pour mettre en lumière des formes pop plus brumeuses et contemplatives. L’omniprésent et excellent batteur Jack Bevan (point névralgique du groupe) se retrouve relayé au second plan, optant pour une ligne plus dansante planquée. Il y a bien « Give it all » et « Albatross » qui explorent une facette afro-tribale, tout en donnant l’impression d’avoir déjà entendu ces plans sur Holy Fire. Il faut pousser jusqu’au dernier morceau, « A Knife in the Ocean », pour enfin retrouver le Foals qui a soif d’aventure. Durant près de sept minutes, Yannis Philiipakis se met en danger en plongeant en apnée dans des abysses émotionnels vibrants. Hélas, il esttrop tard, l’album arrive déjà à sa fin.

Sans demander non plus de renouer avec l’urgence des débuts, on est un peu déconcerté par le manque d’envergure du disque venant de la part d’un groupe qui semblait vouloir en démordre à tout instant il n’y a encore pas si longtemps. Mais qu’est-ce qui ne va pas alors ? On a tout simplement connu Foals plus pertinent par le passé. Hier figure de proue du rock indépendant, Foals préfère aujourd’hui assurer ses arrières, peut-être pas manque de temps et de lassitude. Au lieu de feu sacré, on parlera plutôt cette fois de flamme entretenue : l’encéphalogramme de Foals bouge toujours, mais ses lignes de pulsations répétitives trahissent une certaine monotonie. Et nous fait réfléchir sur le choix d’un tel titre d’album (ce qui n’allait pas), faute semi-avoué ?




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