Le fantasque sextet australien abandonne l’électricité pour un voyage psychédélique et acoustique.
En plus de se trimballer un blase bizarre à rallonge, King Gizzard & The Lizard Wizard est du genre hyperactif. Les hurluberlus de Melbourne sont de retour avec leur septième disque en seulement trois ans. Et pour éviter les redites, une technique simple : enchaîner les albums conceptuels. Les deux précédents albums du groupe s’inscrivaient par exemple dans le garage psyché ( I’m in your mind fuzz) et le jazz rock légèrement expérimental (Quarters !).
De l’aveu du leader Stu Mackenzie, Paper Mâché Dream Balloon est cette fois ci dénué de concept … Enfin pas totalement, puisque les australiens ont débranché les amplis. En résulte un album totalement acoustique qui réchauffe les cÅ“urs en cette période troublée et troublante. Une luxuriante galerie d’instruments (violons, harmonica, clarinette, contrebasse, percussions, sitar et flûtes omniprésentes) parsème et égaie les douze morceaux. On y entend tour à tour le folk pastoral de Devendra Banhart, la pop sixties de The Pretty Things, le rock progressif baroque de Jethro Tull ou le blues rock sudiste de Lynyrd Skynyrd et de Canned Heat.
Le disque commence avec « Sense », une douce ouverture jazzy où flotte une mélodie de clarinette sur laquelle claquent langoureusement des cordes de guitare. L’enjouée « Bone » a ensuite un air de ritournelle espiègle, presque enfantine. A l’image de la magnifique pochette de l’album, chaque titre est une mise en scène sonore qui immerge l’auditeur dans un décor onirique. Sur Paper Mâché Dream Balloon , qui donne son titre poétique au disque, les « ooh ooh » déclenchent un refrain en forme de cavalcade : surfant sur un arc-en-ciel et rebondissant sur des nuages géants, la voix s’élève vers les cieux.
Puis, l’inquiétante « Trapdoor » et son rythme un peu dingue nous emmènent dans une enthousiasmante chevauchée, au gré d’une flûte saccadée et d’une batterie frénétique. A peine cette escale hallucinée terminée que l’on devine, sur « Cold Cadaver », un groupe de pionniers rassemblés autour d’un feu de camp, en route vers l’Ouest américain. Le bluesy « Bitter Boogie » nous plonge de nouveau dans cet Ouest fantasmé, du bayou poisseux et marécageux jusqu’aux vastes étendues aux teintes séchées par le vent aride des plaines de l’Arizona. La Caravane de l’Etrange n’est plus très loin.
Après un « N.G.R.I Bloodstain » au tempo entraînant dominé par un harmonica, cette promenade musicale s’achève sur « Paper Mâché », morceau instrumental qui reprend au ralenti les thèmes des onze chansons précédentes, avant de se conclure dans un larsen et une explosion.
Un voyage parfaitement réjouissant, de quoi passer les fêtes de fin d’année la tête dans les étoiles.