Un fascinant hold up psychédélique sur les terres mythiques de l’Ouest américain.


Portée par des vagues de guitares claires emplies de la même reverb que le chant doux et gentiment désinvolte de Polar Younger, la musique de Jim Younger’s Spirit est parfois menaçante, souvent bienveillante. Elle est surtout si harmonieuse que l’auditeur ne réalise jamais réellement le passage d’un état à l’autre. Originaires d’Aix-en-Provence, pas vraiment une terre Rock ni Psychédélique, le couple Polar Younger – Diego Lopez forme Jim Younger’s Spirit en duo, elle au chant et au saxo, lui aux guitares et aux boites à rythmes. Cette formation restreinte ressent vite ses limites et passe à cinq membres, apportant ainsi plus de fond à ses compositions ouvertement inspirées du 13th Floor Elevators, mais plus proche à l’écoute des atmosphères hypnotiques engendrées par les Brian Jonestown Massacre sur scène.

Et puis, il y a ce concept, pour le moins attrayant : tous les titres traitent de l’histoire de Jim Younger, partenaire de braquage de Jesse James pendant la guerre de sécession, qui combattit pour la guérilla confédérée menée par Quantrill, pour finalement finir sa vie avec des idées humanistes, avant de se suicider. Qu’elle soit ici décrite à partir de témoignages historiques, ou bien fantasmée par Polar, la riche histoire de cet homme violent et torturé procure une trame de fond presque sans limite pour traiter divers sujets, historiques (guerre de sécessions, conflits Indiens…) ou introspectifs (les regrets, la rédemption..) et mis en musique sur du Rock-Psyché, certes, mais ou les différents courants Americana transpirent en permanence. Une évidence ?

C’est ainsi que sur la chanson titre Polar nous conte, de sa voix languissante posée sur une guitare inquiétante, la fuite du gang Younger – James par un bois près de la rivière Watonwan, après l’attaque ratée de la banque de Northfield, Minnesota, en 1876. Elle nous transporte ensuite en terres indiennes, nous baigne dans une rivière rédemptrice, les yeux dans les étoiles, sur la chamanique « Indian Lands » alors que « The Dyin’ Cowboy » nous évoque étrangement le western hanté Dead Man de Jim Jarmush, à l’histoire contemporaine de celle de Jim Younger. Et en ces temps, la mort rôde, elle est partout. Alex Maas des Black Angels vient poser sa voix et son style sur « Bloody Deeds »,  et marche au milieu des pendus, laissés là, au milieu d’une bourgade perdue, en guise d’avertissement.

Soutenus par une rythmique envoûtante (basse rondelette, batterie en retenue), et des effets exploités avec la juste modération (Mellotron, guimbarde…), ces neufs titres nous transportent au loin, au pays des saloons et des serpents à sonnette, dans la peau d’un Blueberry sous opiacés, et – c’est très bon signe – se bonifient avec le temps. A la façon d’un grand bourbon made in Kentucky, évidemment.

 

Label : Pias/Ipecac – 2016
www.facebook.com/JimYoungersSpirit
jimyoungersspirit.bandcamp.com

 

Watonwan River (LP) by Jim Younger’s Spirit

Tracklisting :
1. Restless 03:43
2. Galveston 04:19
3. Bloody Deeds feat. Alex Maas 03:10
4. Indian Lands 04:09
5. Touch The Clouds 03:35
6. Watonwan River 04:19
7. Two Hearts 03:53
8. The Dyin’ Cowboy 04:23
9. Theirs Be The Guilt 05:56