Sur son 9e album solo, le country folker de Portland règle ses comptes à sa manière avec l’industrie du disque.


Le titre et le visuel de What A Wonderful Industry en disent long sur l’estime que porte Matthew Stephen Ward envers son milieu professionnel : le classique “What a Wonderful World” de Louis Armstrong (idole devant l’éternel du folker) détourné en mode sarcastique, illustré par la mâchoire redoutable d’un squale, à faire pâlir celle du squale de Spielberg… Cette attaque frontale serait-elle la raison de cette parution discrète ?

Toujours est-il que voilà un mois, à la surprise générale, l’esthète américain à la guitare M. Ward sortait donc un nouvel album solo en marge des circuits de diffusion habituels, par l’intermédiaire de son propre label. C’est peut-être un mal pour un bien. Car il semblerait que la colère l’ai aidé à renouer avec l’inspiration. Non pas que sa créativité se soit véritablement envolée ces dernières années, mais la qualité s’en est ressentie. Faute de s’être trop éparpillé (voire dilué) au sein du duo rétro glamour She & Him avec la charmante Zooey Deschanel – 6 albums en 10 ans, on n’en demandait pas tant.

Agréable surprise donc que ce What a Wonderful Industry (ah ce titre génial! ), certainement son album le plus épuré depuis le magistral Transfiguration of Vincent (2003). Ses deux opus précédents, More Rain (2016) et A Wasteland Companion (2012), léchés voire proprets sur eux, ne laissaient échapper que de trop rares étincelles. Ce retour donc aux fondamentaux – cette teinte sépia blues/country/folk qui n’appartient qu’à lui – redonne indéniablement de la chaleur à l’écriture de M. Ward.

Sur le plan des paroles, le contenu de ce neuvième opus solo prendrait donc sa source d’après sa propre expérience dans l’industrie musicales et plus particulièrement de ses rencontres, bonnes ou mauvaises, sans que la balance ne penche pour l’un ou l’autre. Les paroles du bien nommé « Shark », ballade folk bluesy donnent toute la dimension de ses paroles à l’humour carnassier  : “Tommy is a tiger shark/ Lives in the Bengal Sea/ And by day, he’s a music manager/ And once he even managed me”.

Musicalement, les rencontres avec la grâce sont également au rendez-vous, sur le spectrale « El Rancho », qui démarre en solitaire voix/guitare, rattrapé par quelques choeurs gospel à filer la chair de poule ;  la country-pop vivifiante de « Motorcycle Ride » où l’élégance rétro naturelle de M. Ward est à son zénith. Signalons sur “Miracle Man” et “Bobby” la contribution aux choeurs de Jim James (My Morning Jacket), vieil ami et pilier de l’aventure de Ward au sein de Monsters Of Folk, dont l’unique album est sorti voilà près de 10 ans (déjà!).

En revenant discrètement par la petite porte (celle des artistes), M. Ward  le fait avec l’art et la manière.

 

http://mwardmusic.com/

Tracklist:

  1. Arrivals Chorus
  2. Miracle Man
  3. Shark
  4. Motorcycle Ride
  5. El Rancho
  6. Sit Around the House
  7. Kind of Human
  8. A Mind is the Worst Thing to Waste
  9. Return to Neptune’s Nest
  10. Poor Tom
  11. War & Peace
  12. Bobby