En mode furtif, le songwriter californien Tony Molina s’applique sur son second album en solo à une pop très référencée regorgeant d’accords de guitare fins et complexes.


Quand on effectue sur Google une recherche sur Tony Molina il arrive de déraper en sélectionnant Tony Montana, le flingueur et narco trafiquant cubain du culte Scarface… et non le pacifique songwriter de San Francisco Tony Molina. L’erreur est bien vite réparée tout de même à l’écoute de Kill The Lights deuxième album en solo du natif de Bay Area membre des formations rock tendance punk Caged Animal, Case Of Emergency, Dystrophy, Healer, Lifetime Problems, Ovens  il n’y a plus d’équivoque possible. Molina milite ici à plein temps pour la pop musique. L’atmosphère musicale est paisible sous le soleil californien. Mais son cœur serait-il en mille morceaux ? Kill The Lights éteint peut-être les dernières lumières d’une relation sentimentale ? Quelques titres nous amènent sur cette voie : “When She Lives’’, “Nothing I Can Say’’, “Now That She’s Gone’’.
STOP STOP STOP ! … on rembobine, fini le pathos, Molina est issu de la scène hardcore punk, il néglige donc naturellement les bavardages, ses textes déclare-t-il ne sont en aucune façon autobiographiques mais écrits en dernier lieu à la va vite (torcher quoi !). Ok Ok …  il se concentre donc sur la mélodie et l’instrumentation. Et là il assure et assume.

Mais ce nouvel LP comme son précédent de 2013 Dissed and Dismissed ne dépasse pas les 15 minutes. C’est un état d’esprit. Molina cultive donc un paradoxe : les mélodies sont travaillées et élaborées, l’instrumentation n’est pas rachitique (Lo-Fi), ses potes et musiciens (Jasper Leachy, Andrew Kerwin de sa formation Ovens et son frère Steve, le bassiste Garritt Heater, Manny Chocano, …) font briller et se confondre mélodiquement une guitare 12-cordes Danelectro, un orgue Hammond, une basse, un piano, un tambourin, une batterie, un mellotron, … Chacun des titres étalent un évident savoir-faire mélodique. Mais grosse frustration ! 15 petites minutes et puis s’en vont.
La conséquence est donc simple : on enclenche illico la touche repeat. Et c’est là qu’on s’aperçoit de la pertinence de cet album (même après une ribambelle de répétitions), on se laisse agréablement porter par ses mélodies popisantes parfois un brin tristounet.

A l’époque de Dissed and Dismissed, Molina saturait ses accords de guitares, aujourd’hui on apprécie sa jangle pop. Kill The Lights brille également par sa multitude de références, le songwriter y étale – volontairement ou pas – ses influences. Chacun y trouva ce qu’il croit entendre : un peu beaucoup de power pop par ci (lignée Big Star, Posies et dernier du nom Teenage Fan Club), de la pop anglaise versus Georges Harrisson par-là, de la folk pop immaculée ou baroque dans la ligne blanche de son label hôte Slumberland, des influences Byrdsiennes bref une pléthore de bonnes vibrations.

Emballé, pesé et écouté en moins de temps qu’il n’en faut, n’empêche donc nullement le songwriter Californien Tony Molina de nous procurer un vrai plaisir d’écoute.

Slumberland / 2018

https://tonymolina650.bandcamp.com/

Tracklisting :

  1. Nothing I Can Say
  2. Wrong Town
  3. Afraid To Go Outside
  4. Now That She’s Gone
  5. Jasper’s Theme
  6. Give He Take You
  7. When She Leaves
  8. Inside Your Mind/Losin’ Touch
  9. Before You Go
  10. Outro