Le jeune trio indie-rock de Brisbane affiche sa devise : tout pour le rythme chaloupé !


Dans l’attitude et dans le contenu, ce jeune trio de Brisbane nous plait beaucoup. C’est purement subjectif et pas argumenté du tout. Ok, on s’explique un minimum :
Primo, ils sont trois et se partagent le chant, c’est plutôt cool comme concept.
Deuzio, Louis Forster (guitare, voix), James Harrison (basse, voix) et Riley Jones (batterie, voix) alors encore adolescents et bien motivés à décrocher leurs exams avaient su trouver un créneau pour enregistrer il y a 2 ans, Up To Anything, un bien convaincant premier album de rock-indie cool et indolent d’inspiration austral (on avait alors gribouillé leur nom dans notre carnet à la page espoir et pris rendez-vous pour la suite).

Tertio, Louis Forster est le fils de Robert (suivez notre regard), ses goûts musicaux sont donc les nôtres.

En 2018, l’école est belle et bien finie, deux ans ont filé (une éternité pour les jeunes) et le passage de l’adolescence à la vie d’adulte se profile sereinement. Les thèmes abordés dans ce deuxième opus sont moins superficiels : avant il était beaucoup question de coupe de cheveux (“Home Haircuts”), de portables (“Telephone”) et bien entendu de dragues (“Boyfriend”). Aujourd’hui tout est plus sérieux : We’re Not Talking a été enregistré à Melbourne au Super Melody World où James Cecil (Architecture in Helsinki) et Cameron Bird sont venus assurer la production mais où la cohabitation avec les musiciens de Brisbane fut compliquée. Quelques règles de jeunesse n’ont aussi plus cours : comme celle d’avoir le droit de chanter sur un titre à la condition d’en être son auteur. L’âge ingrat a cédé la place à plus de maturité et c’est tant mieux, car on découvre aujourd’hui une troisième voix, le chant féminin de Riley Jones, et cet attelage à 3 voix innocentes change significativement la donne.

Le top départ est donné par Louis Forster au chant, la foulée est d’emblée rapide, lui et ses deux comparses s’en donnent à cœur joie, le tempo est frénétique ; “Make Time 4 Love” affiche crânement son style : de la twee-pop enlevée. Déjà sur le final de leur précédent effort et le titre “Maggie”, le trio avaient tâté ce terrain. L’énergie et la jeunesse sont au rendez-vous, “Make Time 4 Love” semble avoir été enregistré en plein air (dans le bush), il symbolise une certaine forme de liberté et d’insouciance.

Les deux titres suivants vont confirmer cette impression. James Harrison est maintenant au chant, “Love Lost” prend aussi la poudre d’escampette, la mélodie s’imprime rapidement, des cordes, des castagnettes et ce rythme chaloupé maintiennent  brillamment la connexion avec les jeunes de Brisbane. Sans chute de tension “She Knows” troisième morceau et premier single est encore plus percutant et rapide.

Les musiciens Aussie ont aussi étoffé leur instrumentation. Des cuivres, un violon sont par exemple bien exploités. Ces cordes familières mêlées aux parties de guitares et de basses nous rappellent forcement une formation fortement appréciée ici. En fait les influences sont plus éclatées. On y entend un peu des Feelies, des Bats, du Go-Betweens évidemment, du Pastels avec quelques influences indies plus confidentielles comme les Ashtray Boy ou les Cannanes. Que du bien sympathique donc.

Le nuancier musical des Goon Sax n’est pas uniforme, les musiciens australiens proposent aussi une approche plus basique (Lo-Fi) mais au demeurant bien plus touchante. Du coup notre cœur balance : du rythme ou de la douceur ? Quelques arguments en faveur du second : une boîte à rythmes aux percussions minimalistes et nocturnes (sur l’écourté “Somewhere In Between”), une petite merveille pop et acoustique caressée par le chant féminin de Jones (“Strange Light”), un duo Jones/Harrison – où aucun n’élève la voix – sur un climat sonore bien indolent (“Loosing Myself”, “We Can’t Win”). Seul ou en duo, dans ces instants-là l’atmosphère s’avère plus mélancolique, mais ce visage musical là exacerbe aussi un sentiment d’innocence et d’insouciance.

Dans un style bien personnel The Goon Sax se rajoute à la cohorte grandissante de formations australiennes découvertes assez récemment et bien passionnantes. La jeunesse australienne est accroc au goon (cubis de vin bon marché). On trinque bien volontiers avec eux aux prometteurs Goon Sax.

Wichita / Chapter – 2018

https://www.facebook.com/TheGoonSax/

https://www.thegoonsax.com/

Tracklist :

  1.  Make Time 4 Love
  2. Love Lost
  3. She Knows
  4. Losing Myself
  5. Somewhere In Between
  6. Strange Light
  7. Sleep EZ
  8. We Can’t Win
  9. A Few Times Too Many
  10. Now You Pretend
  11. Get Out
  12. Til The End