Réuni à nouveau autour de Paul Simonon, Simon Tong et Tony Allen, Damon Albarn distille son spleen post-brexit sur un  second album nappé d’une brume cockney.


Il aura fallu onze ans pour que The Good, The Bad and The Queen sorte enfin son deuxième album, le 16 novembre dernier. Ce n’est pas à Damon Albarn, sa tête pensante, que l’on en voudra, lui qui n’a pas chômé entre-temps en pondant notamment le 29 juin The Now Now, le sixième album de sa formation Gorillaz tout en assumant une tournée des festivals, en tête d’affiche cela va sans dire.

Pour ce deuxième opus, il ne faut pas s’attendre à être bousculé par les riffs accrocheurs de l’époque Blurienne ou par le monde extravagant de Gorillaz. Ici, l’ambiance est plus calme, plus sobre, plus sombre. Peut-être parce que cet album est le moyen pour Albarn de s’exprimer, non sans mélancolie, sur le Brexit et ses conséquences. La pochette, qui est une référence au film à sketch britannique de 1945 Au Cœur De La Nuit ne respire pas vraiment la joie de vivre à l’image de l’album. Notons d’ailleurs que Danger Mouse a passé le flambeau de la production à Mister Tony Visconti, qui n’est autre que le producteur historique de David Bowie. Rien que ça. Pour ce qui est de la troupe, Damon a conservé exactement la même bande (avec quelques rides et cheveux blancs en plus tout de même), soit  le bassiste des Clash Paul Simonon, l’ex-guitariste de The Verve Simon Tong ainsi que le mythique batteur de Fela Kuti, Tony Allen. Bref, du beau monde.

Passée une introduction anecdotique, Merrie Land débute avec un titre éponyme qui nous mène tout droit dans un monde austère à la croisée du théâtre et du cirque. Le ton est donné dès les premiers mots de l’album « If you’re leaving please still say goodbye ». En cette période post-Brexit, vous savez de qui Damon parle, nul besoin de faire un dessin. « Gun To The Head » est un brin plus enjouée (j’ai dit un brin) avec une panoplie d’instruments qu’Albarn semble avoir déniché dans son grenier : un peu de flûte, un peu de synthés, un peu de violons, telle est sa recette. On sera surpris par la dub réussie de « The Great Fire » par une basse envoûtante et une batterie aux rythmes jazzy. Albarn nous offre aussi quelques moments de légèreté avec la ballade Ribbons en acoustique. La participation du quator Demon Strings qui apporte le son d’un cor, d’un basson, d’un hautbois ainsi que des cordes, renforce l’atmosphère pesante mais belle que dégage ce disque au fil de ses pistes.

On a connu jadis des critiques plus virulentes du royaume de Sa Majesté, avec entre autres les Sex Pistols lors de l’âge d’or du punk, mais parfois les mots passent mieux avec de la poésie et du calme. Une manière pour Albarn d’alerter, non sans une certaine mélancolie, ses concitoyens sur la situation critique du royaume britannique, sans trop les brusquer. En espérant ne pas devoir attendre encore onze ans ou un nouvel équivalent du Brexit pour écouter un troisième album de TGTBTQ.

Parlophone – 2018

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Tracklist :

1 – Introduction
2 – Merrie Land
3 – Gun to the Head
4 – Nineteen Seventeen
5 – The Great Fire
6 – Lady Boston
7 – Drifters & Trawlers
8 – The Truce of Twilight
9 – Ribbons
10 – The Last Man to Leave
11 – The Poison Tree