Les cinq Rockers chicagoans s’aventurent en terre americana, non sans oublier d’y insuffler du r’n’b. Une nouvelle pépite à leur actif.


C’est toujours un plaisir que de recroiser la route des cinq chicagoans de Twin Peaks. Déjà dix ans d’existence pour ces attachants artisans de la cause garage rock alternative, auteurs de quatre albums studios sans la moindre faute de goût (sans oublier la généreuse compilation de singles, Sweet ’17 Singles, paru il y a tout juste six mois). De cette discographie déjà bien remplie, on garde une affection toute particulière pour Wild Onion (2014), second album à la sublime pochette – pure clin d’oeil power pop seventies – avec son contenu au diapason, gorgé de mélodies instantanées (l’imparable single “Making Breakfast !”) et guitares vintage grouillantes. Une décennie plus tard, les chicagolais maintiennent la barre, plus productifs que jamais : quelques mois on le rappelle après la généreuse compilation de singles, Sweet ’17 Singles, ils rempilent déjà avec un quatrième opus particulièrement racé. 

Pour Lookout Low, le quintet s’est cette fois associé avec le producteur anglais Ethan Johns, fils du légendaire Glyn (Beatles, Led Zep, Stones, ce genre…). Le CV du quarantenaire fait déjà honneur à papa, avec notamment à son tableau de chasse Paul McCartney, Kings Of Leon ou encore Ray Lamontagne.  On s’attendait, guidé par le tropisme americana de Jones, à une nouvelle direction plus roots, voire classic rock des dudes du Minnesota. Lookout Low a d’abord été enregistré dans des conditions Live (comprendre tous dans la même pièce, en mode “une seule prise et c’est la bonne”). Et cela s’entend. Il faut dire que les guitaristes Cadien Lake James et Clay Frankel, le bassiste Jack Dolan, le multi-instrumentiste Colin Croom, et le batteur Connor Brodner ont acquis une solide réputation scénique, et ce genre de challenge ne les effraie guère.

De fait,  Lookout Low s’impose indéniablement comme leur disque americana, période seventies of course, délicatement mâtiné de R’n’B et de soul. Pas vraiment de single ne se détache de l’ensemble comme ce fut le cas par la passé. Non pas que ce soit la faute à la présence de morceaux faibles, ce serait au contraire le résultat de la forte harmonie d’ensemble qui s’en dégage. A tel point que l’on se demande si le groupe n’a pas sorti son Exile on Main Street. D’ailleurs, le titre « Better Than Stoned” parle de lui-même, clin d’oeil à la bande à Keith Richards. 

Autre détail qui a son importance : chez Twin Peaks, quasi tout le monde met la main à la patte dans l’écriture et le chant (à l’exception du batteur Connor Brodner). Le formidable réservoir de compositions que le groupe possède en stock, fait toute la diversité de leurs albums.  Et Lookout Low en bénéficie pleinement, que ce soit à travers la douce rêverie « Unfamiliar Sun », la formidable ballade gospel  « Under a Smile », ou encore l’ouverture country rock sous influence byedsienne « Casey’s Groove ».

A noter que Croom a conçu les arrangements de cuivres, évoquant parfois les cuivres rythm and blues façon Allen Toussaint (l’irrésistible « Dance Throught It »).

Le quintet n’a jamais sonné aussi détendu, fluide… Et si les mélodies se font peut-être moins nerveuses que du temps des premiers opus (quoique la chanson- titre de l’album et « Oh Mama » balancent pas mal côté riffaille), le plaisir de jouer est toujours palpable et communicatif. Et nous ne serions pas surpris avec le temps de constater que Lookout Low soit un album appelé à durer, sur nos platines, évidemment.

Communion / Caroline International – 2019

Producteur : Ethan Johns

TWIN PEAKS en concert :

La Maroquinerie, Paris (75), mardi 11 Février 2020

Grand Mix , Tourcoing (59) le mercredi 12 février 2020

https://twinpeaksdudes.com/

Tracklisting : 

  1. « Casey’s Groove » (Cadien James) 4:05
  2. « Laid in Gold » (Colin Croom) 3:13
  3. « Better Than Stoned » (Clay Frankel) 4:24
  4. « Unfamiliar Sun » (Jack Dolan) 4:22
  5. « Dance Through It » (Cadien James) 4:43
  6. « Lookout Low » (Clay Frankel) 3:57
  7. « Ferry Song » (Colin Croom) 3:48
  8. « Under a Smile » (Clay Frankel) 3:51
  9. « Oh Mama » (Clay Frankel) 5:42
  10. « Sunken II » (Jack Dolan) 4:30