Cinquième album pour le folktronicien Britannique, qui fait preuve d’émancipation avec la guitare sur son cinquième album, le premier pour le label Wichita.


Après deux albums défendus par la maison girondine Talitres – avec le lumineux Ground Luminosity (2015) puis l’aérien Welcome Oxygen (2017), titrailles à propos comme vous pouvez le remarquer ! – l’Anglais Will Samson vient d’opérer un retour aux sources en signant outre-manche sur le label londonien Wichita (Cloud Nothings, Ride). Géographiquement, le folktronicien s’est pourtant installés depuis quelques temps à Bruxelles, où il a écrit et enregistré son cinquième album dans son home studio.

En bon folktronicien qui se respecte, Samson maîtrise aussi bien la composition “artisanale” que le travail poussé sur les textures sonores. Il a par ailleurs sorti en 2018 sur son bandcamp A Baleia, avec Benoît Pioulard, un disque uniquement ambient. Mais le jeune trentenaire possède également un atout rare, une voix divine, qui l’avantage par rapport à la plupart de ses confrères, généralement peu portés – voire limités – dans ce registre (à l’exception de Bon Iver et Alt-J). Son timbre très clair, possède en effet comme particularité d’atteindre les aigües avec une aisance déconcertante, sans pour autant étouffer le caractère feutré des compositions. 

Car Paralanguage donne cette sensation de nous porter, nous faire flotter sur une mer d’huile, sensation qui innerve l’ensemble de cet album plutôt court, composé de sept chansons et un interlude instrumental.  Cet état de flottement du corps se reflète sur l’ensemble de l’album, qui a pour thème central, selon son géniteur, la manière dont « nos corps, pas seulement nos esprits, conservent les souvenirs et les émotions ». La pièce d’ouverture “Calescent” traduit bien cet équilibre parfaitement établi entre chaque élément, avec ses claviers atmosphériques épurés et ses violons aristocratiques façon Nick Drake. Saluons d’ailleurs les arrangements de la violoniste Beatrijs De Klerck, déjà présente sur Welcome Oxygen et Baleia, mais aussi sur scène.

D’ailleurs, à l’exception du single « Flowerbed », les guitares se font plus discrètes que d’accoutumée, laissant probablement à Samson davantage  de manoeuvre pour son chant, qui n’a jamais été aussi habité, notamment les petits bijoux que sont Beyond the dust, Triplet, Lacuna). De fait, techniquement Paralangue n’est pas à proprement parler un disque de folktronica, mais se rapprocherait plutôt des travaux de James Blake, Homegrown en particulier, avec un ascendant lyrique/mélancolique sur la voix très prononcé. C’est dire le niveau d’excellence. En guise de finale quasi parfait, The Smallest Sliver, une élégante ballade au piano parasitée d’electronica, nous renvoie à The Nationale.

Paralangage, dont la définition pourrait être littéralement “au plus près du langage”, fait définitivement partie de ses oeuvres qui parviennent à transfigurer l’émotion au-delà des mots. 

 

Wichita/Pias – 2019

www.wichita-recordings.com/

www.willsamson.co.uk/shows

 

Tracklisting : 

  1. Calescent (6:15)
  2. Beyond The Dust (4:57)
  3. Flowerbed (5:09)
  4. Triplet (5:20)
  5. Lacuna (1:44)
  6. The Human Mosaic (4:45)
  7. Ochre Alps (6:29)
  8. The Smallest Sliver (6:11)