En provenance de Londres, une poésie crue gracieusement dictée sur une ligne de basse massive et une guitare acérée. Irrésistible.


Dry Cleaning, bien que largement ancré dans la nouvelle scène émergente du Royaume Unis (évidemment portée sur le Post Punk ces temps-ci), semblait quelque peu à part lors de son éclosion, l’an passé. Avec « Magic Of Meghan », c’est le chant de Florence Shaw, sorte de spoken word désincarné ponctué de sursauts galvanisants, qui accroche l’oreille vers cette rythmique chaloupée, cisaillée par cette guitare glaciale qui dans sa créativité minimaliste rappelle Saul Adamczewski des Fat White Familly. Sortant ainsi du lot, une tournée Américaine est logiquement organisée, avec un passage chez KEXP en introduction… qui en sera aussi le terme. La crise sanitaire s’est déclarée, le groupe sera le dernier à passer dans les locaux de la célèbre web-radio, et il ne verra pas le festival South-by-southwest prévu juste après.

Une année a passée, et Dry Cleaning sort enfin ce premier album qui, curieusement, ne contient pas le titre sus-cité. Peu importe, New Long Leg déborde d’excellentes chansons, à commencer par « Scratchcard  Lanyard », sur laquelle Florence se décrit comme une weirdo et prononce le mot « Bazooka » de façon diablement sexy sous les salves tranchantes de Tom Dowse a la guitare.  

Il y a quelque chose de Sonic Youth, évidemment, chez Dry Cleaning. Cette façon de rendre le punk arty, instruit sans être particulièrement lettré, très Nouvelle Vague, récitant des banalités crues de la vie Londonienne, égrenant les marques de produits qui font notre quotidien, ou révèlent notre niveau social. Anciens étudiants en école d’art, ils citent spontanément les parrains slackers de Pavement comme principale influence, mais on penchera plus pour le côté sombre et la lourde basse Dub de Jah Wobble (Public Image Limited) que l’on croit retrouver sur « Unsmart Lady » ou « Strong Feelings », les diverses intervention guitaristiques dissonantes venant confirmer cette impression.

Avec John Parish (PJ Harvey) aux manettes, l’album a été enregistré peu de temps après leur retour mouvementé de cette tournée américaine avortée, puis est resté dans un carton, certainement dans l’espoir de pouvoir être défendu sur scène ultérieurement. Ce sera certainement possible prochainement au Royaume Unis. L’on pourra alors admirer les postures figée, limite neurasthénique de cette singulière conteuse contraster avec l’agitation de ses trois acolytes. Ce qui en fait aussi le charme sur disque.

2021 – 4AD
Producteur : John Parish

https://4ad.com/artists/225

Tracklisting:

  1. Scratchcard Lanyard
  2. Unsmart Lady
  3. Strong Feelings
  4. Leafy
  5. Her Hippo
  6. New Long Leg
  7. John Wick
  8. More Big Birds
  9. A.L.C
  10. Every Day Carry