Quatrième album studio du musicien électronique Chris Stewart, et son second pour Sacred Bones.


Dark wave, Synth Pop, Synth Wave, Minimal Wave… on en perd un peu notre latin avec tous ces genres apparus depuis 10 ans et dont on a oublié les infimes subtilités. Avec le Fast Idol de Black Marble alias Chris Stewart, nous sommes pourtant clairement dans cette zone “synth”, sans pour autant appartenir à l’une d’entre elles, car à notre sens, il s’agit avant tout d’une pop universelle. Le titre du disque serait-il une référence à ces “One Hit Wonder” qui ont rythmé les années 80 de leur unique tube (certainement la décennie la plus garnie de “hits” d’un jour), ces éphémères Kim Carnes, Nick Kershaw et autres Wang Chung ? A l’écoute des onze titres de Fast Idols, son démiurge Chris Stewart, cultive intrinsèquement une profonde obsession pour les synthés analogiques enveloppant des refrains teintés de spleen, on entend par là une certaine prédisposition pour l’accroche mélodique et les nappes cold wave qui paradoxalement nous réchauffent le coeur. Sur son quatrième album studio (et second pour Sacred Bones), Black Marble continue de creuser ce sillon monochrome.

Mais au-delà du son et de l’exercice de style, une hypersensibilité l’emporte. Le désormais résident californien manipule habilement cette patine rétro émotionnelle, cette influence du temps sur notre subconscient qui régit nos codes culturels malgré nous, change progressivement notre perspective. Pour atteindre cette exigence, il faut d’abord reconnaître que Black Marble compose certainement les plus élégantes ritournelles mélo synthétiques depuis Futur Islands. La quantité inhabituelle d’hymnes concentré sur ces onze titres en atteste : “Celling”, “Somewhere”, “Bodies”, “Ship to Shore” ou encore “Preoccupations”, déclinent brillamment cette approche à la fois minimaliste et pop incandescente qui va droit au but. Un lien étroit entre l’ascendance pop de John Maus et le Wild Nothing de la période bénie Gemini, et plus particulièrement l’immense Chinatown (serait-ce les nappes orientalisantes de Say it First qui nous le rappelle ?) où flotte cette voix doucereuse et réverbérée, si traînante et envoûtante. 

Si on parle ici d’une musique habitée par le passé, Chris Stewart n’est pas pour autant né de la première pluie. Issu de la scène synth new-yorkaise du début des années 2000, mais aujourd’hui localisé à Los Angeles, son passif de producteur electro et son approche DIY d’homme à tout faire caché derrière ses machines, lui octroie un savoir-faire et une belle longueur d’avance sur la concurrence actuelle. Et dieu sait que ça se bouscule derrière. En attendant son concert au Trabendo en Mai 2022, on file emprunter la DeLorean.

2021 – Sacred Bones / Modulor

https://blackmarble.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/blackmarblenyc

Tracklisting :

  1. Somewhere
  2. Bodies
  3. Royal Walls
  4. Try
  5. The Garden
  6. Say It First
  7. Streetlight
  8. Ceiling
  9. Ship To Shore
  10. Preoccupation
  11. Brighter And Bigger