Le guitariste/chanteur des survoltés METZ, laisse parler en solitaire sa sensibilité garage pop psyché, avec un zest de Shoegazing…


Pour qui s’est déjà penché sur le trio punk-hardcore canadien Metz, l’émancipation solo de son leader, le guitariste et chanteur Alex Edkins, devrait un peu déboussoler les fans de la première heure. Mais dans le bon sens de l’aiguille… Le power trio canadien, auteur de quatre albums bien vénères chez Sub Pop, est passé maître dans l’art de la déflagration sonique (ascendant Fugazi). Du genre plutôt à miser sur l’urgence que la mélodie… Or, après quinze années dévouées à la fureur et la dissonance, Alex Edkins donne avec Weird Nightmare l’occasion de libérer ses frustrations de mélodistes. 

Enregistrées en partie durant la pandémie, certaines des chansons remontent à 2013 sous forme de démo, à croire qu’Edkins se serait jusqu’ici délibérément bridé au sein de son furieux combo “messin” nord américain . Car même si on reste toujours dans le domaine de la distorsion, le courant électrique sur Weird Nightmare bascule clairement vers des ondes plus rondes et harmonieuses… ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Avec une boite à rythme rudimentaire en guise d’entrée en matière, “Searching for You”, qui ouvre de facto l’album, laisse entendre une identité garage-punk un peu dans les clous. La suite dévoile des intentions beaucoup plus débridées voire déviantes. Le très additif “Nibs” laisse ainsi éclater une énorme guitare vrillée façon Joey Santiago, pour enchaîner avec un riff très nineties, du pure Weezer période bleue. C’est noisy, pop, et très aguicheur, avec quelques claviers bigarrés en second plan. “Lusitania” enfonce le clou, mélodieux, fébrile et instantané, avec une fibre sixties très affirmée – comme si Guided By Voices avait passé à la moulinette Lo-Fi les Who et les Kinks (en fait ils l’ont toujours fait). 

Autre référence inconsciente qui plane tout au long de ce disque, le fameux Beaster EP de Sugar (1993), mini album incroyable où Bob Mould y sculptait son obsession pour le Loveless de My Bloody Valentine. Car à la différence des albums revival shoegaze convenus qu’on peut entendre depuis 10 ans (KVB & consors), Weird Nightmare ne regarde pas seulement timidement ses baskets et préfère épingler aussi à ces compositions ses sensibilités DIY hardcore et garage psychédélique. Et cette mixture fait toute la différence, l’énergie insufflée aux mélodies n’à rien à envier à Thee Oh Sees. On retrouve aussi le compatriote Chad VanGaalen, en featuring sur le crasseux “Oh No”, assez proche d’ailleurs des premiers albums fauchés du touche-à-tout de Calgary. A noter aussi, « Wrecked » avec en invité leur consoeur de label Alicia Bognanno du groupe Bully.

La dernière plage “Holding Out”, ralentie ce flux de lave pop acidulé, pour épouser le rythme des vagues de l’océan, version berceuse pop Lo-Fi. Bonne nuit les petits.

SUb POP – 2022

https://weirdnightmare.bandcamp.com/album/weird-nightmare

Tracklisting : 

  1. Searching for You
  2. Nibs
  3. Lusitania
  4. Wrecked
  5. Sunday Driver
  6. Darkroom
  7. Dream
  8. Zebra Dance
  9. Oh No
  10. Holding Out