La sobriété d’une bougie, la chaleur d’une flamme, voilà la parfaite symbolique du  8ème opus solo du songwriter de Brisbane, enregistré en famille.


Le nouvel album solo de Robert Forster est une œuvre pleinement familiale : l’Australien y resserre au mieux les liens autour de son épouse – la chanteuse et violoniste Karin Bäumler – diagnostiquée il y a deux ans d’un cancer. Leur fils Louis Forster, ex The Goon Sax. vient apporter sa jeunesse et son jeu de guitare, ainsi que sa fille, Loretta Forster.
Composé à la maison et en soirée, capté en direct dans leur salon et au rythme des possibilités physiques de Karin Bäumler, The Candle and the Flame exhale les vertus de la simplicité, de l’honnêteté et du travail en famille (un idéal d’ailleurs inaccessible pour la majorité !). Tout est exécuté avec finesse, rien n’est ici sur joué, larmoyant ou voyeuriste.

Forster injecte naturellement beaucoup de vitalité dans « She’s A Fighter », premier titre qui témoigne de la lutte et du courage de Karin. La guitare acoustique de Robert fend le chemin et donne le rythme à ce titre le plus pêchu de cet album.  
Suit naturellement l’impeccable ballade pop « Tender Years », belle déclaration d’amour à sa femme et à leur relation de plus de 30 ans. Les tendres souvenirs y sont égrenés sur une mélodie parfaite. l’ex Go-Betweens évoque leur rencontre dans les années 90 (après la première séparation de son tandem avec Grant McLennan) dans le sud de l’Allemagne aux abords de Heidelberg. Le postulat est clair  :

« Je suis dans une histoire avec elle / non, je ne peux pas vivre sans elle»

L’orchestration sur ce 8e opus n’est embellie d’aucun faste, ce qui met d’autant plus en exergue les qualités de compositeur et d’arrangeur du musicien de Brisbane. Une exception tout de même sur la composition « The Roads » enrichie d’un violoncelle et d’un piano. L’Allemagne et la Bavière sont encore à l’honneur. On colle ici au plus près des souvenirs de son auteur. Ecrite en 2020 dans la cuisine de la maison des parents de Karin les paroles sont une ode aux petites routes de la campagne bavaroise et aux habitants de la région. La mélodie est simple, la musique est dénudée, folk et acoustique.

«We know the roads / And where they go They disappear/ Into people’s homes ».

Forster navigue régulièrement dans ses souvenirs et son passé, les textes sont autobiographiques à souhait.
« I Don’t Do Drugs I Do Time » remporte la prime du titre le plus épatant. Le chant partagé entre Bäumler et Forster nous remémore l’époque Amanda Brown /Forster au chant, minus le versant pop ; plus folk et psychédélique et construit sur peu d’accords, cette composition lorgne même vers la country.
En mode ballade nostalgique et heureuse, guidé par une instrumentation acoustique, « When I Was a Young Man » brosse le récit de sa vie – de ses débuts de jeune songwriter en Australie adulant ses héros de jeunesse (ses grands frères) : Tom Verlaine malheureusement récemment décédé, Lou Reed, Bowie, David Byrne pour ensuite nous narrer son départ vers Londres à l’âge de 21 ans pour une nouvelle destinée celle des formidables Go-Betweens.

Voilà une belle et idéale conclusion à ce nouvel essai. Du reste, on a régulièrement apprécié la discographie en solo de Robert Forster, et cela, depuis sa première escapade en 1990 (Danger In The Past). The Candle and the Flame se pose comme une prolongation nickel et personnelle d’une série toujours en cours.

Tapete Records / 2023

http://www.robertforster.net/

https://www.facebook.com/robertforsterofficial?locale=fr_FR

Tracklisting :

  1. She’s A Fighter
  2. Tender Years
  3. It’s Only Poison
  4. The Roads
  5. I Don’t Do Drugs I Do Time
  6. Always
  7. There’s A Reason To Live
  8. Go Free
  9. When I Was A Young Man