Sur leur troisième album, le girl band de Pampelune injecte une touche synthétique à leurs compositions garage. Totalement irrésistible. 


En ces temps de réchauffement climatique, traversons la frontière pyrénéenne pour voir si l’herbe y est plus verte. Melenas (Les mains) ce sont quatre brunes originaires de Pampelune : Oihana (guitare et chant), Leire (basse), María (synthé) et Lauri (batterie). Le quatuor s’est formé en 2016 et chante dans sa langue natale. Sur le papier, jusqu’ici, rien de franchement original. Mais il suffit de poser nos esgourdes sur leurs deux premiers albums pour ne plus se passer de leur garage rock/jangle pop aux harmonies sucrées. Il faut, il est vrai, concéder de notre part un p’tit faible pour les girls band tendance lo-fi dont les mélodies se parent d’une douce insouciance – des Dum Dum Girls à La Luz en passant par Slumber Party, sans oublier la matrice incontournable du genre, les Go Go’s. Les cousines ibérique signés sur Trouble in Mind (En attendant Ana, Jacco Gardner…) ne dénotent pas, leur talent de composition étant aussi affûté qu’un cuchillo. Chez les Melenas, le format oscille généralement entre 2 et 3 minutes, toujours flanqué d’un sens mélodique diablement accrocheur. 

Leur troisième et dernier album en date, Ahora, qui signifie « maintenant », marque une rupture, avec l’irruption de synthés vintages, ces étranges spécimens de l’ère analogique que sont le Korg Delta et le Yamaha PSR-36. Dias Raros, leur précédent opus paru en 2020, s’était déjà, timidement, aventuré dans cette zone, avec le morceau “El Tiempo ha Pasado”, porté par un orgue messianique. Mais le véritable déclic s’est déroulé en juin 2021, après que le quatuor se soit fendu d’une reprise “Osa Polar” du groupe de cold-wave suisse Grauzone. Et là, réaction en chaîne, le big band, nos navarraises ont muté en spectaculaires progénitures de Stereolab et Broadcast. Le changement esthétique s’impose dès la chanson-titre Ahora, qui ouvre l’album : on s’enfonce une nuit de pleine-lune en plein trip new wave/krautrock, sous l’influence de claviers lugubres et des choeurs hantés, d’une boîte à rythme trouvé à Lascaux, les guitares Jazzmaster sont éclipsées.

Et pourtant sur la piste suivante, la lumière nous touche de plein fouet avec le titre « K2 » et ses nappes synthétiques phosphorescentes, une pop song imparable. On pense que l’intensité va baisser, mais non “1986”, nous aveugle carrément avec son irrésistible thème mélodique et ses chœurs en canon. Quelques pistes plus loin, « Bang » allume à son tour la mèche avec une rythmique motorik digne de Neu!, mais encore flanqué d’une assise pop indéboulonnable. 

On se dit qu’à ce stade, Las Melenas a déjà plié la partie, mais nos manuelles savent aussi façonner des ambiances en clair-obscurs envoûtantes, tel ”Flor de la Frontera” aux relents cold wave où l’on jurerait dans le chant de Oihana l’apparition de Trish Keenan, éternelle prêtresse cosmique de Broadcast. La chanteuse et meneuse, Oihana, a été formée au Conservatoire de musique, elle y a appris le violon, pour mieux désapprendre ensuite avec son girl band. Et c’est tant mieux. Les guitares Jangle pop de “Mal”, n’auraient quant à elles pas dépareillée sur leurs disques garage précédents. Puis les machines analogiques reprennent le contrôle en dernière ligne droite : Korg Monologue et Moog convolent ensemble sur l’épique “1000 Canciones”. Avec ce petit bijou, Melenas est prêt à séduire les foules de France et de Navarre.

2023 – Trouble in Mind / Modulor

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Tracklisting :

  1. Ahora
  2. K2
  3. 1986
  4. Dos pasajeros
  5. Flor de la frontera
  6. Bang
  7. Promesas
  8. Túyyo
  9. Mal
  10. 1,000 canciones

Concerts 2023 et 2024 :

25/11/23 : PARIS – La Station
06/02/24 : ANGERS – Le Garage
07/02/24 : LE HAVRE – Tetris
28/03/24 : BORDEAUX – Iboat
29/03/24 : LYON – Sonic
30/03/24 : VOLVIC – Les Vinzelles
11/04/24 : GRENOBLE – Le Ciel
12/04/24 : PERPIGNAN – Le Mediator